Autour de la table ronde, Jérémy et Danielle commencent déjà à griffonner quelques idées sur une feuille. La tâche s’annonce ardue mais passionnante pour ces étudiants à l’EPF, une école d’ingénieur généraliste basée à Sceaux : ils doivent aider la commune de Chaville à repenser son site internet. « On nous a exposé certains problèmes comme le fait qu’il y ait trop d’onglets sur la page d’accueil. Il faut faire en sorte que le site soit plus intuitif », résume Jérémy. À côté d’eux, Walid Feghali compte beaucoup sur cette nouvelle source d’idées. « Le Département nous a poussés loin dans notre réflexion sur l’innovation, explique le conseiller municipal délégué aux commerces, à l’artisanat et à la logistique du dernier kilomètre. Nous sommes aujourd’hui ravis de présenter ces projets aux étudiants qui pourront voir l’impact de leur travail sur la vie quotidienne. »
Quatre promotions, cinquante défis
Cette refonte du site est l’un des dix-huit défis proposés dans le cadre de la quatrième promotion d’un Curious Lab’ toujours marqué du sceau de la variété : mise en place d'outils de smart city, actions de sensibilisation à l’audition, réflexions sur des sujets environnementaux ou encore le nudge, cette théorie du « petit geste » qui incite à modifier les comportements des habitants dans le domaine du tri des déchets par exemple. Créé en 2019, ce laboratoire dit « d’intelligence collective » met en relation deux mondes qui peinaient à se côtoyer : d’un côté des communes confrontées à une problématique et de l’autre des étudiants du territoire, souvent porteurs d’idées novatrices. « On ne profitait pas de leur intelligence alors que eux avaient peut-être envie de s’engager dans des projets d’intérêt collectif », se souvient Marie-Pierre Limoge, vice-présidente chargée de l'économie sociale et solidaire, de la formation et de l'alternance. Deux ans plus tard, ce Lab a fait du chemin avec cinquante défis lancés dans vingt villes des Yvelines et des Hauts-de-Seine, dont quatre nouvelles cette année. « Certaines sont là depuis la première année, preuve que le concept les a séduits », poursuit Marie-Pierre Limoge. Le Curious Lab’ étend d’ailleurs son accompagnement puisque cette année, une enveloppe de 100 000 euros va être débloquée par le Département pour permettre à cinq villes de passer le stade de la réflexion et d’amorcer leurs projets.
Les étudiants vont travailler pendant plusieurs semaines sur ces défis. Pour Jérémy et Danielle, leur participation au Curious Lab’ fait partie intégrante de leur cursus et fera l’objet d’une note à la fin du semestre. « C’est une expérience unique, poursuit Jérémy. Travailler dans une collectivité n’est pas quelque chose que nous avions envisagé mais ce genre de dispositif peut nous orienter dans cette direction. » Avec la ville, le premier contact, souvent fondateur, est en tout cas établi.
