Les expositions dans les musées départementaux et aux archives départementales
Dans les coulisses des théâtres des Hauts-de-Seine. Du 6 janvier au 14 novembre aux Archives départementales à Nanterre
Derrière le rideau
Des fonds d’archives évoquent l’histoire de la création dramatique, côté coulisses.
Consacrée aux théâtres des Hauts-de-Seine, la nouvelle exposition des Archives départementales plonge ses visiteurs dans l’atmosphère du spectacle avec un jeu scénographique qui en reprend les codes, s’appuyant sur de nombreux documents inédits jusque-là.
Une longue tradition
L’histoire retient que c’est dans l’actuel territoire des Hauts-de-Seine, à Gennevilliers, qu’a lieu en 1783 la première représentation en public de La Folle journée ou Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, devenu par la suite le plus grand succès théâtral du XVIIIe siècle. Cet événement qui a défrayé la chronique introduit l’exposition avec une édition d’époque de la pièce conservée dans la bibliothèque André-Desguine.
Aux Archives départementales, documents anciens et plus récents, obtenus par des versements administratifs, des dons ou des acquisitions, soulignent à quel point le théâtre est un art particulièrement vivant dans les Hauts-de-Seine, qui comptent notamment deux centres dramatiques nationaux, le Théâtre Nanterre-Amandiers et le Théâtre de Gennevilliers, T2G, et deux scènes nationales, le Théâtre 71 de Malakoff et Les Gémeaux à Sceaux.
L'envers du décor
Des archives matérialisent le passage du texte à la représentation. Les intentions du metteur en scène sont visibles sur des textes annotés, à l’image du tapuscrit, tapé à la machine, de la pièce La Ville en fête de Jean Le Marois (1962) où figurent les emplacements des personnages et leurs déplacements sur scène. Autre passage obligé, le recrutement des comédiens, évoqué notamment par une lettre de l’actrice et metteure en scène de théâtre Marcelle Tassencourt, lorsqu’elle engage Jacques Dacqmine pour jouer dans une autre pièce de Jean Le Marois, Alexandre, en 1959. La création des décors est abordée avec, notamment, des dessins préparatoires de Jean-Paul Chambas pour On ne badine pas avec l’amour de Musset mis en scène en 1993 par Jean-Pierre Vincent au Théâtre Nanterre-Amandiers. Des partitions rappellent l’importance de la musique et la machinerie apparaît sur des photos contemporaines des coulisses et des parties techniques de Nanterre-Amandiers et du T2G.
Costumes de scène
Un ensemble de costumes et d’accessoires, prêté par le Théâtre Nanterre-Amandiers,donne du relief et des couleurs à l’exposition.
Ils rappellent deux mises en scène de Jean-Pierre Vincent : Les Fourberies de Scapin en 1990 avec Daniel Auteuil, et On ne badine pas avec l’amour en 1993 avec Emmanuelle Béart et Isabelle Carré ou, plus proche de nous, le Richard II de Shakespeare, mis en scène par Christophe Rauck en 2022 avec Micha Lescot dans le rôle-titre. Issu du dossier du spectacle Première de cavalerie de Vsevolod Vichnevski, joué en 1967 au Théâtre de Gennevilliers, le calque d’un dessin de costume de soldats dragons de la Grande Guerre donne des détails de matières et de couleurs. Les coupures de presse qui l’accompagnent témoignent des recherches nécessaires en amont de toute création. Les esquisses au crayon et à l’encre dorée et argentée des costumes d’Ithaque, mis en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Nanterre-Amandiers en 2011, en donnent un autre exemple. Des échantillons de tissus sont accrochés aux pages collées les unes aux autres sur près de quatre mètres de long.
Répétitons et représentations
Des photographies de différentes répétitions rappellent des pièces célèbres, des comédiens y travaillent, en costume de ville ou de scène, dont Michel Piccoli et Jane Birkin pour La Fausse suivante de Marivaux, dirigés par Patrice Chéreau au Théâtre Nanterre-Amandiers en 1985. Tout au long de son parcours, l’exposition présente de nombreuses affiches, par exemple celle de L’Homme, la Bête et la Vertu de Luigi Pirandello jouée aux Gémeaux à Sceaux en 1993, mais aussi des invitations, des programmes et des courriers de spectateurs, souvenirs de ces oeuvres éphémères et de leur réception par le public.
Figures du théâtre
Dans sa deuxième partie, l’exposition revient sur les grands metteurs en scène et leurs parcours alto-séquanais : Bernard Sobel,Pierre Ascaride, Patrice Chéreau, Jean-Pierre Vincent, Jean-Louis Martinelli… Différentes directions qui s’incarnent également dans l’identité graphique et l’esthétisme des affiches de spectacle. D’autres archives rappellent les deux promotions de l’école de théâtre des Amandiers (1982-1984 et 1986-1987) fréquentée notamment par Agnès Jaoui, Valéria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez… Un projet évoqué par Patrice Chéreau dans un rapport dès 1981, peu avant de prendre les rênes du théâtre, qui a été relancé par Christophe Rauck, en 2021 avec « La Belle Troupe, l’atelier des Amandiers ». C’est aussi le club théâtre du lycée Pasteur de Neuilly, où Christian Clavier, Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot et Michel Blanc
ont fait leurs premiers pas sur scène. Un livret de La Concierge est tombée dans l’escalier (1970), première mise en scène de Michel Blanc, est présenté à côté du programme d’un événement qui porte les noms et les rôles de ceux qui formeront plus tard la troupe du Splendid.
Architectures
Une vue en coupe de la Maison de la Culture de Nanterre, qui a précédé Nanterre-Amandiers,date de 1972 et porte nombre d’indications techniques, à commencer par la hauteur à
laquelle placer les spots. Le bâtiment qui accueille le théâtre de Gennevilliers est à l’honneur avec plusieurs projets sur calque présentés en vue d’une rénovation dans les années 1980, des photographies de la façade actuelle et une vue en coupe, plongeante, de 2023. Des archives qui invitent à s’intéresser de plus près à la vie et à l’histoire de ces lieux de culture emblématiques du territoire.
Ouvrage de la pièce Le mariage de Figaro de Beaumarchais, 1954,
bibliothèque André-Desguine Affiche de la pièce Ennemis les ennemis de Maxime Gorki, 1965
© Archives départementales des Hauts-de-Seine
Dans les coulisses des théâtres des Hauts-de-Seine Du 6 janvier au 14 novembre Du lundi au vendredi de 9h à 18h Gratuit Visite de groupe sur réservation (adultes) : archivesdepartementales@ hauts-de-seine.fr Parcours-jeu enfant ♦ Exposition en plein air Au parc départemental André-Malraux (Nanterre) à partir du 20 janvier Gratuit, ouvert en continu ♦ Exposition virtuelle : archives.hauts-de-seine.fr |
Source : HDS Guide Vallée-Culture n° 78 Janvier - Février 2025
" Modèles perdus" de Marina Mankarios : résidence de création au Musée départemental Albert-Kahn du 19 novembre au 23 mars 2025
Des sculptures de Marina Mankarios d’après les Archives de la Planète
L’artiste plasticienne travaille sur le patrimoine du Proche et Moyen-Orient disparu ou en péril. Ses préoccupations font écho à l’ambition d’Albert Kahn qui, au début du XXe siècle, voulait « fixer, une fois pour toutes, des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps ».
Réinterroger les Archives de la Planète
La vision du banquier philanthrope a donné naissance à une collection de 72 000 autochromes qui sont à l’époque classées et conservées dans la salle dite « des plaques » de sa propriété boulonnaise. Aujourd’hui, ce lieu historique accueille régulièrement des créations contemporaines dont celles de Marina Mankarios qui mène une exploration des disparitions passées ou à venir, qu’elles soient dues à des causes politiques ou à la crise climatique. L’artiste qui a grandi dans une famille égyptienne copte s'est imprégnée dès son plus jeune âge de l’histoire et de la culture de ce pays. Ses recherches sur la statuaire gréco-romaine vont de pair avec des questionnements liés à la mémoire et la disparition du patrimoine historique.
Oeuvre sculpturale
Pour ce nouveau projet intimement lié aux collections du musée, Marina Mankarios a extrait un détail architectural figurant sur deux autochromes* des Archives de la Planète prises à Kom Ombo, aux environs d’Assouan,en Égypte (1914) et à Palmyre en Syrie (1921). Elle les a copiés en terre, puis moulés en silicone, avant de les reproduire en plâtre en plusieurs exemplaires qui offrent chacun des aspérités et des lacunes différentes. Fin novembre, ces ensembles de fragments sculpturaux assemblés seront exposés pour rendre vie à ces oeuvres disparues avec, en regard, les fac-similés des deux images d’époque et des boîtes documentaires décrivant les missions des opérateurs d’Albert Kahn. Une manière de mettre en lumière les liens unissant photographie et sculpture comme oeuvre fragmentaire, jouant avec les notions de négatif-positif, de tirage, insistant sur l’importance du point de vue dans la création et la perception d’une oeuvre. Un nouvel écho à l’oeuvre visionnaire d’Albert Kahn.
*autochrome : premier procédé de photographie couleur produit industriellement
© Tricot Paris |
Née à Paris en 1996, Marina Mankarios grandit dans une famille égyptienne copte, s’imprégnant dès son plus jeune âge de l’histoire et de la culture de ce pays. Diplômée de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (ENSAAMA) en 2019, elle présente sa première exposition Mouler n’est pas copier, ensemble de sculptures jouant sur la répétition du moulage pour générer des oeuvres nouvelles. Installant son atelier à Paris, Marina Mankarios poursuit sa recherche sur la statuaire gréco-romaine et s’intéresse aux questionnements sur la mémoire et la disparition du patrimoine historique. En jouant avec la matière et l’espace, elle oeuvre pour illustrer l’oubli, ce qui manque et à jamais disparaît de notre histoire. Ses oeuvres sont notamment exposées à la Dutch Design Week, à la Galerie Sobering à Paris, et plus récemment par la Villa Gabrielle. En 2023, elle intègre la résidence Lasource et expose son projet au Musée Rodin à Paris. Depuis 2021, elle fait partie du collectif Le Cercle de l’Art, rassemblant des artistes femmes de la scène émergente française. |
La programmation associée
Des rencontres et ateliers en famille avec la sculptrice Marina Mankarios sont proposés dans le cadre de sa résidence de création dans la salle des Plaques du musée.
♦ Rencontres avec l’artiste
Le temps d’une visite-rencontre, les visiteurs pourront découvrir l’univers de l’artiste et sa réinterprétation des Archives de la Planète.
- Dimanche 26 janvier : 14h30
- Mercredi 19 février : 14h30
- Dimanche 23 mars : 14h
♦ Ateliers en famille
À partir d’images d’Égypte conservées dans les Archives de la Planète, Marine Mankarios initie jeunes et moins jeunes au modelage et au moulage. Après un temps de visite de son installation, les familles pourront ainsi créer leurs propres bas-reliefs et autres hiéroglyphes.
- Dimanche 26 janvier : 15h30
- Mercredi 19 février : 15h30
- Dimanche 23 mars : 10h30
Journée « Printemps de la Sculpture »
Dimanche 23 mars
10h30 > Atelier en famille
14h > Visite - Rencontre avec l’artiste
15h > Table ronde autour de la mémoire des sites archéologiques
avec Michel Al Maqdasi, Mathilde Mura, et Anthony Petiteau
16h30 > Performance du collectif al-Beyt mêlant musique, danse et images photographiques
Gratuit - Compris dans le billet d’entrée
Rencontres et événements gratuits sous réserve de places disponibles (avec le billet d’entrée)
Réservations sur place à l'accueil le jour même, pour tout public (adultes, familles, et enfants)
Modèles perdus
Du 19 novembre 2024 au 23 mars 2025
albert-kahn.hauts-de-seine.fr
Les Archives de la Planète Désireux de témoigner des transformations de son temps, Albert Kahn emploie sa fortune à la réalisation d’un vaste programme de documentation du monde. Dès 1912, il initie, selon ses propres dires : « une sorte d’inventaire photographique de la surface du globe, occupée et aménagée par l’homme, telle qu’elle se présente au début du XXe siècle ». Ainsi naissent les Archives de la Planète, qui constituent aujourd’hui le socle des collections du musée départemental Albert-Kahn. |
Guide vallée-culture novemnre-décembre 2024 n° 77
Chroniques de la création au Jardin des métiers d'Art et du Design à Sèvres. Du 23 octobre 2024 au 16 février 2025
Après "Matières à pensées" en 2022 et "Pages Blanches" en 2023, le JAD propose « Chronique de la création », son exposition « manifeste » qui présente les fruits des travaux individuels et projets collaboratifs de ses créateurs. La narration de l’histoire du JAD et de ses quinze premiers occupants se poursuit pour cette troisième année et révèle les coulisses de la création.
Si les recherches portant sur les contextes d’émergence du travail artistique sont relativement répandues, celles décrivant le cheminement créatif des artisans et des designers sont plus rares. Au printemps 2024, c’est avec quelques questions et un enregistreur que le sociologue et historien spécialisé sur les savoir-faire Hugues Jacquet - commissaire de l’exposition - s'est promené dans les ateliers du Jardin des métiers d’Art et du Design. Avec Chroniques de la création, le JAD et Hugues Jacquet invitent le public à se plonger au cœur du collectif. Dans une ambiance propice à la cohabitation des idées et à l’émergence de collaborations inattendues, ces créateurs partagent avec nous leurs questionnements, leurs doutes, mais aussi leurs moments d’inspiration. C’est dans cette dynamique créative que l’on découvre des projets personnels en gestation, des expérimentations audacieuses, et des tentatives parfois couronnées de succès, parfois marquées par l’échec.
À travers récits, prototypes et pièces produites par les artisans et les designers du JAD, l’exposition interroge les multiples facettes de la créativité, souvent méconnues. Une immersion dans l’univers des créateurs du JAD à ne pas manquer, pour tous les amateurs et passionnés de métiers d’art, de design, et plus largement pour ceux qui s’interrogent sur les mécanismes qui sous-tendent le processus créatif.
L’exposition fait la lumière sur les projets des artisans d’art et designers du JAD
- Les céramiques d’Anne Agbadou Masson, notamment “Matrice, sculpture en grès noir et barbotine de porcelaine
- “Rythmes” (2024), un duo de tabourets, Obsidienne et Cajou, issu d’une collaboration née de manière spontanée entre Marta Bakowski et Maxime Perrolle, avec une envie commune : imaginer ensemble des pièces de mobilier en bois massif, qui deviendront le support de dialogue entre leurs langages expressifs respectifs. La couleur audacieuse d’un côté et les surfaces sensuelles et rythmées de l’autre sont réunies dans un exercice intuitif de la forme.
- Présenté sous la forme d’une applique murale, le dispositif sensoriel de restitution d’odeur à travers l’expérience d’une perception colorielle “Halo”, projet de recherche de Carole Calvez et Marta Bakowski, se compose d’une pastille de couleur manipulable d’avant en arrière, permettant à la fois de libérer une odeur et de diffuser un halo de lumière colorée, variable en intensité. Cette matérialisation de l’odeur par une interaction chromatique permet d’exprimer la subtilité et la complexité des facettes olfactives issues d’une même matière première. Dans sa manipulation, la lumière colorée gagne de l’ampleur et dégage une sensation d’espace, traduisant ainsi le volume de l’odeur, tandis que les couleurs retranscrivent ses différents caractères.
- Les recherches et des expérimentations comme celles de Tony Jouanneau et Carole Calvez autour de l'extraction pigmentaire à partir d’oursins et des possibilités d’usage de ce matériau.
Autour de l'exposition
♦ Visites commentées de l’exposition
Les samedis 11 janvier et 1er février 2025 - 11h00
tarif plein 5€ - tarif réduit 3€
Inscription via le-jad.fr
♦ Les rencontres du JAD
Cycle de conférences
- Mercredi 22 janvier, “Travailler seul ou à plusieurs” - 19h00
- Mercredi 12 février, “Rechouer ou échussir” - 19h00
Gratuit / Inscription sur le-jad.fr
♦ Les ateliers découvertes
Un samedi par mois de 10h30 à 13h00
- Mosaïque : samedi 2 novembre
- Bois : samedi 14 décembre
- Tissage : samedi 11 janvier
- Design : samedi 1er février
Tarif plein 25€ - tarif réduit 19€
Inscription sur le-jad.fr
♦ Les stages de pratique
Des stages de pratique seront proposés pendant les vacances scolaires et/ou certains week end.
Toute notre programmation sur le-jad.fr
Chroniques de la création, dans les coulisses du JAD
Chroniques de la création, dans les coulisses du JAD
Du 23 octobre 2024 au 16 février 2025
Ajouter : du mercredi au dimanche de 14h00 à 19h00
(Fermeture du 23 décembre 2024 au 1er janvier 2025)
Commissariat : Hugues Jacquet
Scénographie : Marion Flament
Création graphique : Dune Lunel Studio
Photographies : Clara Chevrier
Visites commentées, ateliers, rencontres, toute la programmation sur le-jad.fr
Guide vallée-culture novemnre-décembre 2024 n° 77
Atala, 1801. Voyage illustré au cœur d’un roman à la Maison de Chateaubriand - Domaine départemental de La Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry. Du 4 octobre 2024 au 28 septembre 2025
Atala 1801, un premier roman qui fait date dans l'histoire de la littérature
Éditions et rééditions, source inépuisable de nombreux artistes, produits dérivés, imitations, contrefaçons, traductions, parodies… les collections de la maison de l'écrivain témoignent du succès fulgurant et durable du texte de Chateaubriand. Au tout début du XIXe siècle, c’est Atala qui lui apporte la gloire et lance sa carrière littéraire.
Retour aux sources
« Si l’on en croit les Mémoires d’outre-tombe,c’est l’argent gagné grâce à Atala qui permet à l’auteur d’acquérir la Vallée-aux-Loups, explique Anne Sudre, directrice de la Maison de Chateaubriand et commissaire de l’exposition Atala, 1801. Voyage illustré au cœur d’un roman qui s’ouvre cet automne. L’idée est de mettre Chateaubriand et nos collections exceptionnelles au cœur des expositions et de la programmation. Nous voulons faire voyager le public grâce à cette histoire et aux images qu’elle a inspirées. Il s’agit en même temps de montrer l’importance du roman dans la carrière littéraire de l’écrivain et pour la littérature en France. » Un projet d’autant plus évident que la Maison conserve le fonds patrimonial le plus riche au monde autour de la figure d’Atala, avec près de 330 pièces de collection, œuvres et objets d’art, estampes, manuscrits…
Éventail décoré représentant « Les adieux de Chactas à Lopez », vers 1820-1830, papier, bois, pigments, Maison de Chateaubriand © CD92/Julien Garraud
Génie de la littérature
Le roman raconte les amours contrariés d’Atala et de Chactas, deux jeunes Indiens d’Amérique issus de tribus ennemies. À leur suite, Chateaubriand entraîne le lecteur dans le Nouveau Monde, des rives du Mississipi aux forêts de Floride, et ses sublimes descriptions des paysages résonnent avec l’exaltation des sentiments. « Avec Atala, puis René publié l’année suivante, il apparaît comme le père du romantisme en France. Le récit contient déjà les thèmes récurrents de son œuvre : les amours impossibles, les destins croisés, la valeur morale du christianisme, la nature. » Dans son propos liminaire, l’exposition retrace la genèse du texte, son écriture, ses sources, à commencer par le voyage de l’écrivain en Amérique en 1791 grâce auquel Atala a vu le jour, et revient sur son succès : « Le livre a immédiatement été traduit dans de nombreuses langues, en anglais, en italien, en espagnol… Des critiques montrent à quel point il a bousculé l’écriture et la littérature classique. Édité et réédité, Atala inspire poèmes, romans et parodies. Il a également fait l’objet de nombreuses contrefaçons, à Avignon où Chateaubriand s’est rendu en personne pour une saisie, ou encore en Belgique. »
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Un voyage illustré
L’exposition s’organise autour des douze épisodes clés de l’histoire, mêlant des extraits et des œuvres, pour la plupart conservées dans les collections de la Maison. « Dès la parution d’Atala, les beaux-arts, les arts décoratifs, le théâtre et la musique s’emparent du sujet. Les grands artistes ont peint, sculpté, dessiné, gravé Atala », en particulier les funérailles de la jeune Indienne, sujet du célèbre Atala au tombeau peint par Girodet en 1808, maintes fois copié et décliné en gravures.
Autre preuve du retentissement du roman, le fait que « Gustave Doré le choisisse en 1863 pour illustrer les grands textes de la littérature du XIXe siècle. Avec trente planches, l’artiste va au-delà des épisodes habituellement représentés et donne plus de place à la nature et aux Indiens. » Certaines acquisitions récentes sont présentées pour la première fois au public, dont La Veillée funèbre d’Atala, une peinture à l’huile de l’époque romantique par Louis Tiberghien acquise en 2022 et récemment restaurée, parmi d’autres œuvres inédites habituellement conservées en réserve.
Interprétations et réinterprétations
L’engouement populaire est tel qu’il génère des produits dérivés. « C’est assez extraordinaire et c’est une première pour un roman en France. » L’atalamania se propage. Comme le montrent les différentes vitrines, elle gagne « des objets décoratifs, des pendules, des tasses, un plateau de déjeuner, un éventail, des toiles imprimées avec les principales scènes du roman produites dans de grandes manufactures, et des objets publicitaires... » Pour Anne Sudre, l’objet le plus original est « La mort d’Atala sur une huître perlière, une "camelote de bagne" pour les touristes, gravée par un bagnard, un certain Joseph Muller, en Nouvelle- Calédonie dans les années 1875-1888 d’après une illustration d’un journal du Havre. Illustration qui reprenait elle-même un tableau aujourd’hui disparu dont l’huître reste l’un des derniers témoignages. »
L’histoire continue
Des éditions illustrées des années 1950 prouvent la longévité de l’œuvre. « La maison d’écrivain la remet au goût du jour : depuis 2023, les jeunes qui participent au prix Chateaubriand des collégiens reçoivent une édition d’Atala illustrée et la politique d’acquisition se poursuit, en particulier pour les traductions. Nous nous sentons dépositaires de ce trésor de la langue française et nous voulons continuer à le faire vivre. » Une aventure littéraire, éditoriale, artistique, commerciale et imaginaire à voir dès le 4 octobre.
Programmation autour de l'expositionSur réservation : 01 55 52 13 00 ou reservations-chateaubriand@ hauts-de-seine.fr Tout au long de l’année
Premier week-end, samedi 5 et dimanche 6 octobre
Journée inaugurale dimanche 13 octobre
Billet combiné visite guidée et conférence : tarif plein : 8 € ; tarif réduit : 6 € Cycle de conférencesUn cycle de cinq conférences proposé et animé par Sébastien Baudoin, agrégé de Lettres modernes, docteur-ès-Lettres et professeur de khâgne à Paris. D’octobre 2024 à mars 2025, les cinq conférences permettent d’explorer l’univers d’Atala et l’exotisme en littérature.
Programmation familiale
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Exposition Atala, 1801. Voyage illustré au cœur d’un roman
Du 4 octobre 2024 au 28 septembre 2025
Ouvert du mardi au dimanche : de 13h à 18h (en octobre), de 13h à 16h30 (de novembre à février), de 13h à 18h (en mars), de 13h à 18h30 (d’avril à septembre)
Le week-end : de 10h à 12h et l’après-midi selon les horaires ci-dessus
Maison de Chateaubriand – Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups
87 rue de Chateaubriand, 92290 Châtenay-Malabry
vallee-aux-loups.hauts-de-seine.fr
♦ Les partenaires de l'exposition
François René de Chateaubriand, Atala, illustration de Maurice Lalau (1881-1961), Maison de Chateaubriand
© Droits réservés - Photo CD92/Julien Garraud
Guide Vallée-Culture n°76 septembre-octobre 2024