Un territoire jalonné de sculptures
Un musée de plein air
Dans les parcs ou à La Défense, les œuvres d’art monumentales demeurent d’accès libre et profitent des beaux jours. La balade peut être accompagnée l’application-jeu Baludik.
Découvrez notre portfolio. Il suffit de cliquer sur les photos pour les agrandir et sur les flèches de droite pour les faire défiler !
Domaine départemental de Sceaux - Christian Lapie : Le Pupitre des étoiles (2006)
Se promener librement sous le vert tendre des bouleaux n’empêche pas la rencontre avec une œuvre puissante chargée d’histoire et de mémoire. Installé en 2006, le mémorial de la déportation des juifs des Hauts-de-Seine multiplie les symboles autour de ses douze silhouettes en fonte de fer évoquant des troncs d’arbres presque bruts. Hautes comme des géants ou à taille humaine, elles sont à la fois des sentinelles contre l’oubli et des familles réunies autour de pupitres où l’on a gravé les noms du millier d’hommes, de femmes et d’enfants juifs du département déportés dans les camps de concentration.
Domaine national de Saint-Cloud - Gérard Garouste : Le Défi du Soleil (1987)
Installées depuis 2013 sur une terrasse à proximité du bassin Saint-Jean, les deux figures en bronze jouent. Ce n’est pas un jeu ordinaire, mais un défi énigmatique mis en scène par Gérard Garouste, l’un des plus célèbres peintres et sculpteurs français. Dans la mythologie personnelle de l’artiste, le Classique est un être de lumière, un Soleil qui invite ici son double l’Indien, libre et intuitif, à comprendre les règles logiques des symboles disposés en bordure de leur terrain de jeu.
Mont Valérien Mémorial de la France combattante (1960)
Commandés pour le fronton solennel du monument érigé en 1960 sur le mont Valérien, les seize hauts-reliefs en bronze font écho aux seize hommes et femmes morts pour la France inhumés dans la crypte. Lieu de mémoire, le mont Valérien fut aussi le plus grand lieu d’exécution de résistants et d’otages pendant l’Occupation. Chacun des bronzes, œuvres de seize sculpteurs, évoque un fait d’armes de la France combattante.
Narvik de Robert Juvin, où le corps expéditionnaire français assure en 1940 sa mission en Norvège
L’Action d’Alfred Janniot, dont l’image résume à elle seule le combat et ses sacrifices.
Parc départemental de l’Île Saint-Germain - Jean Dubuffet : La Tour aux figures (1988)
Stylos-billes à la main, Jean Dubuffet devait se rappeler l’écolier couvrant le papier quadrillé de lignes et de hachures. Il faut avoir une fois tenu dans ses bras son jeune enfant émerveillé devant une œuvre monumentale du peintre pour saisir ce que l’art brut de Jean Dubuffet peut avoir d’universel et de jubilatoire. Immense totem achevé selon ses directives après la mort de l’artiste en 1985, 24 mètres de haut, éclatante sous le soleil depuis sa restauration l’année dernière par le Département, La Tour aux figures est immanquable. Dès ce printemps, si la situation sanitaire le permet, le labyrinthe en étages de son espace intérieur sera ouvert à la visite, sur réservation (tourauxfigures.hauts-de-seine.fr
Paris La Défense - Benedetto Buffalino : La Voiture sur le lampadaire (2019)
Voilà, pour l’heure, la plus jeune héritière des œuvres d’art qui jalonnent l’espace public de Paris La Défense. Une descendante un peu perchée, qui se fiche de l’esprit de sérieux, nargue le couvre-feu en s’illuminant à la nuit tombée et regarde le monde tourner à l’envers ! Le plasticien Benedetto Bufalino conserve, à pas encore 40 ans, le goût d’enfance pour la dérision, le détournement joyeux des objets familiers, sans craindre apparemment que le ciel ne lui tombe sur la tête ! Spécialement conçue pour l’exposition Les Extatiques en 2019, l’œuvre a rejoint l’été dernier ses aînées sur son emplacement définitif dans le quartier Valmy.
Paris La Défense - Maxime Adam-Tessier : Boréale (1970)
Jardin de sculpture à ciel ouvert, Paris La Défense est aussi une galerie d’art contemporain qui reste accessible même lorsque les lieux culturels ne le sont plus. Et pour cause : plus de trente millions d’usagers de la ligne A du RER passent chaque année devant les trois œuvres qui ornent les quais. Or la plupart d’entre nous n’ont pas nécessairement conscience de leur présence. Boréale, bas-relief étiré sur 26 mètres de long, est la première à avoir été installée, en queue de station direction Paris. Elle conserve le cachet science-fiction d’une époque qui a vu naître les albums BD de Valérian et Laureline…
Paris La Défense - Michel Deverne : Vive le vent (1986), Guy-Rachel Grataloup : Les Trois Arbres (1988)
Paris La Défense est l’illustration du principe, bien connu des décorateurs, selon lequel il faut montrer ce qui est impossible à cacher. Les cheminées d’aération des sous-sols qui traversent la dalle sont un support idéal pour le mettre en œuvre. La mieux connue d’entre elles est le Moretti avec ses fibres de verre aux couleurs pop. Mais ce sont peut-être les mosaïques en céramique qui, dans le domaine, ont la plus fière allure. Ainsi Vive le vent de Michel Deverne ou Les Trois Arbres de Guy-Rachel Grataloup, d’une subtile minutie sur 850 m2 et près de 30 mètres de hauteur.
Michel Deverne : Vive le vent (1986)
Guy-Rachel Grataloup : Les Trois Arbres (1988)
Aiko Miyakawi : Utsurohi (1989)
La Japonaise était peintre quand vers 1968, à 40 ans, elle décide de poser pinceaux et palettes pour faire s’envoler des volutes abstraites vers le ciel. Elle appelait cela des « dessins en l’air ».Utsurohi, c’est tout un monde flottant sans forme délimitée, une forêt, lumineuse le soir, de mâts qui semblent prendre au lasso le vol des oiseaux, le reflet d’un nuage sur une tour de verre, ou la contemplation rêveuse du passant qui, s’il lève le nez quelques instants, pourrait bien s’échapper avec l’artiste pour un voyage éphémère sous le soleil et dans le vent.