Un immeuble de cinquante mètres de hauteur recouvert de végétalisation, une ancienne auberge qui devient local commercial et lieu de rencontre des habitants, des « hubs » connectés aux réseaux de transport où l’on peut acheter son pain ou récupérer ses colis… La deuxième édition du Prix interdépartemental de l’innovation urbaine, dont la remise s’est déroulée mardi 15 décembre à La Seine Musicale dans la foulée du conseil d’administration de l’EPI 78-92, fait encore dans la diversité. Sept collectivités ont reçu un trophée dont quatre villes des Hauts-de-Seine (Issy, Meudon, Châtenay-Malabry et Neuilly), deux des Yvelines (Poissy, Choisel) et une intercommunalité (Grand Paris Seine & Oise). « Ces prix soulignent le rôle majeur des maires pour améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens. Qui d’autre qu’eux peut avoir une vision de leur ville sur dix ou vingt ans ? », questionne Georges Siffredi, président des Hauts-de-Seine.
Décernés pour la deuxième année consécutive, ce prix récompense des collectivités de l’Ouest francilien qui innovent soit à travers l’architecture d’un projet, soit dans la fonction remplie par ce projet, soit dans la manière dont ce projet a été conduit en faisant la part belle à la collaboration. « Cette liste de lauréats montre que les communes ont bien réfléchi à la manière dont leur projet va vivre et s’intégrer dans le temps tout en ne sacrifiant pas la forme esthétique, explique Joseph Salamon, directeur du développement territorial au Département des Hauts-de-Seine. L’échelle des collectivités ne rentre pas en compte puisque nous allons de la petite commune jusqu’à la communauté urbaine. L’innovation n’est donc pas qu’une affaire de grande ville. »
L’urbain au cœur de la réflexion
Choisel, près de six cents habitants dans les Yvelines, en est le parfait exemple. Alain Seigneur, le maire, a mis près de deux ans pour mettre sur pied son projet d’auberge multiservices. « Quand nous avons appris la mise en vente du bâtiment, nous avons entamé des discussions pour qu’il soit vendu à la commune à un prix raisonnable. Nous voulions conserver son intérêt patrimonial tout en créant un lieu de rencontre convivial. » Suite à un appel à projets, une activité de restauration s’est installée dans les locaux lors de l’ouverture toute récente. « Choisel est l’exemple typique du village yvelinois avec une belle qualité d’habitat, constate Pierre Bédier, président des Yvelines. Il faut inventer de nouveaux modèles comme celui-ci, afin de mettre de l’économie dans ces villages. Nos deux départements sont très différents : l’un est très dense, l’autre moins. Cette question de l’urbain est essentielle et au cœur de notre réflexion. »
À Neuilly, c’est un tout autre projet qui a été récompensé le long de l’avenue Charles-de-Gaulle qui relie la Porte Maillot à Paris La Défense. D’ici 2024, 20 000 m2 de végétation pousseront dans ce décor pour le moment très routier avec une vingtaine de « folies » qui animeront l’avenue. « Il est très important pour nous de recevoir un prix car nous portons ce projet depuis 2011. Il demande beaucoup de persévérance donc c’est un signal fort pour les équipes municipales, souligne Jean-Christophe Fromentin, le maire. Nous voulons donner de l’amplitude à cet axe stratégique, lui redonner une attractivité économique puisque 30 000 salariés y travaillent et répondre à un défi environnemental. »
Les projets lauréats
Complexe scolaire LaVallée à Châtenay-Malabry
Catégorie « Innovations architecturales, paysagères et environnementales »
Ce nouveau complexe scolaire sera composé de 8 classes maternelles, 11 classes élémentaires, une bibliothèque, des salles informatique et plurivalentes, un espace restauration et une cuisine centrale capable de préparer 2 500 repas par jour, un accueil de loisirs maternel et élémentaire, un espace sportif mutualisé. Il est situé dans l’écoquartier LaVallée, sur l’ancien site de l’école centrale. Vitrine en matière d’innovation en faveur de l’architecture bioclimatique et des constructions bas carbone, ce projet porte une attention particulière sur l’impact environnemental et la recyclabilité et la réemployabilité des composantes du bâtiment.
Coût de l’opération : 18,5 M€.
Calendrier : les travaux débutent en janvier 2021, et s’achèveront en avril 2023.
La Serre à Issy-les-Moulineaux
Catégorie « Innovations architecturales, paysagères et environnementales »
Situé dans la ZAC Léon-Blum, ce « village vertical » de 50 mètres de hauteur se compose de 210 logements et de commerces insérés dans une serre ouverte intégrant plus de 3000 m² de terrasses et jardins. Chaque logement disposera d’un espace extérieur (8m² par habitant en moyenne) et plus de 25 % de la surface habitable du bâtiment est consacrée aux terrasses et balcons. « La Serre » intègre la nature en ville grâce à une végétalisation adaptée d’espèces indigènes : un « jardin vertical » en façade, une pergola ornée de plantes grimpantes, des jardins luxuriants, un jardin cultivé et partagé sur la toiture terrasse. L’utilisation de matériaux durables biosourcés et bas carbone a été privilégié afin de protéger la faune urbaine et la biodiversité.
Calendrier : le projet sera livré en 2023.
Les Allées de Neuilly à Neuilly-sur-Seine
Catégorie « Innovations architecturales, paysagères et environnementales »
L’avenue Charles-de-Gaulle à Neuilly-sur-Seine va devenir un boulevard urbain au haut potentiel paysager et environnemental grâce à la création de 20 000 m² de surfaces végétalisées. Ce projet vise la transformation des contre-allées en 10 hectares d’espaces publics partagés et apaisés grâce au passage de 8 à 60 % d’espace piéton et des traversées piétonnes ainsi que des cheminements dédiés aux mobilités douces avec la création d’une piste cyclable bidirectionnelle. Enfin pour renforcer l’attractivité économique et résidentielle de cet axe entre la Porte Maillot, le Pont de Neuilly et Paris La Défense, la ville de Neuilly souhaite intégrer 20 « Folies », édifices à mi-chemin entre l’architecture et l’art, qui participeront à l’animation de l’avenue.
Coût de l’opération : 58,6 M€.
Calendrier : les travaux se termineront en 2024.
L’école et l’accueil de loisirs « La Ruche » à Meudon
Catégorie « Innovations programmatiques et fonctionnelles »
Au sein de l’éco-quartier de la Pointe de Trivaux en cours de construction à Meudon-la-Forêt, « La Ruche » est un ensemble de 2 200 m² d’équipements publics orienté vers l’enfance, la pédagogie et le jeu avec une école maternelle, un centre de loisirs, une ludothèque avec une salle de jeux vidéo, une bibliothèque, un restaurant scolaire, une cour de récréation plantée et un jardin pédagogique avec un potager. Les espaces sont modulables grâce au mobilier posé sur roulettes à l’intérieur et à l’aménagement de points de passage sécurisés entre l’école, le centre de loisirs et la ludothèque à l’extérieur qui fait appel aux codes architecturaux du quartier avec la pierre blanche et le bois.
Coût de l’opération : 11 M€.
Calendrier : Ouvert au public le 15 septembre dernier.
La Maison de Fer à Poissy (78)
Catégorie « Innovations architecturales, paysagères et environnementales »
Ce patrimoine historique du XIXe siècle a été rénové pour s’inscrire dans le parcours touristique culturel urbain de Poissy et accueille un centre d’interprétation du patrimoine et un espace muséographique dédié à la valorisation du territoire. Sa technique de construction est innovante puisque la structure, les murs et la toiture ont été entièrement faits de métal par un système de construction par tôles embouties. Cette rénovation favorise une meilleure appropriation du patrimoine par les habitants, améliore l’accueil des visiteurs extérieurs et mobilise l’ensemble des agents de la ville autour des grands enjeux liés à la valorisation du patrimoine.
Coût de l’opération : 3,5 M€.
Calendrier : la Maison de Fer a rouvert ses portes lors des Journées européennes du Patrimoine 2020.
L’Auberge des Trois Hameaux multiservices à Choisel (78)
Catégorie « Innovations programmatiques et fonctionnelles »
L’auberge de Choisel, réhabilitée dans le cadre du programme de revitalisation de centre-bourg, accueille plusieurs services, un espace de restauration et d’hébergements. Située au cœur du village de Choisel, elle devient un lieu central de rencontre des habitants des trois hameaux qui la constituent. Ce projet a une vocation économique puisqu’il est source d’emploi (2 à 3 salariés prévus), et il est seul établissement commercial de la commune qui s’approvisionnera auprès de producteurs locaux. L’auberge est située au cœur de la vallée de Chevreuse, sur l’axe de la Veloscénie qui relie Paris au Mont Saint-Michel, qui vient compléter la notoriété de Choisel, lieu d’accueil de personnalités illustres comme l’écrivain Michel Tournier ou l’actrice Ingrid Bergman.
Coût de l’opération : 650 000 €.
Calendrier : ouvert le 10 décembre dernier.
Les « Hubs multiservices » de Grand Paris Seine & Oise
Catégorie « Innovations partenariales et collaboratives »
Afin d’accompagner l’arrivée du RER E à Mantes-la-Jolie, la Communauté urbaine de Grand Paris Seine & Oise va recouvrir le territoire de 77 « hubs multiservices » pour rendre les trajets plus pratiques, rapides, écologiques et économiques. Ils sont de cinq types différents (hubs quartier de gare, urbains, économiques, express ou autoroutiers et hubs ruraux). Ce réseau de plateformes physiques proposera une offre d’interconnexion multimodale (bus, covoiturage, train, transport à la demande, piéton ou vélo) associée à des services de la vie quotidienne (paniers frais, dépôts de pain, relais colis, coworking, foodtrucks...). Le déploiement sera évolutif et progressif avec la participation d’un panel citoyen représentatif des habitants et actifs du territoire pour être en phase avec leurs attentes. Vingt hubs sont en phase expérimentale pendant un an, avec un projet pilote de tiers-lieu rural.
Coût de l’opération : 4 M€.
Calendrier : livraison en 2024.
L’EPI 78-92 dresse ses orientations pour 2021
Avant la remise de ces prix, les élus des deux assemblées départementales ont voté les orientations budgétaires de l'Établissement public interdépartemental Yvelines/Hauts-de-Seine (EPI 78/92). Pas de changement par rapport à l’année précédente avec un budget 2021 qui devrait avoisiner les 16,2 M€ dont 8,8 M€ de participation pour les Hauts-de-Seine. « Cette stabilité budgétaire démontre que nous maintenons le cap que nous nous sommes fixé. Nos objectifs sont clairs : améliorer les services que nous rendons à nos concitoyens et générer des économies d’échelle significatives tout en continuant d’assurer notre rôle d’investisseur public et d’acteur majeur des solidarités », résume Georges Siffredi, président de l’EPI 78/92. La plus grosse part est dévouée à l'entretien et l'exploitation du réseau routier interdépartemental avec 12,9 M€ prévus. Cette somme correspond au cumul des dépenses en année pleine des deux Départements. « Cela nous permet d’ajuster au mieux le montant des contributions de chaque collectivité », explique Éric Berdoati, rapporteur du budget. Le reste se partage entre les compétences de l’archéologie préventive, de l’adoption et la participation à Citallios, société d'économie mixte d'aménagement du territoire.