« Mesdames et messieurs, nous allons vous raconter une histoire que nous avons inventée ! » Au centre de la scène improvisée dans les locaux de l’association Apsis, Maïssa est invitée à invectiver le public. « Parlez fort, affirmez tout ce que vous dites, occupez l’espace », enjoint Hélène Palardy, conteuse et musicienne, qui encadre ces huit jeunes Rueillois pendant une semaine. Voici donc le spectateur embarqué dans l’histoire de Diego, jeune orphelin défiguré et maltraité, accompagné de son petit chien « Malheureusement ». « Mais ne vous inquiétez pas, tout finit bien », se défend en chœur le groupe. Ce dénouement heureux sera conté à la fin du stage, lors d’une représentation d’une demi-heure sur scène devant les familles de ces apprentis comédiens. « Même pas stressée, annonce Lina, dix ans qui a déjà profité de son été pour pratiquer le chant, la danse et la flûte traversière. Ce qui me plaît dans le théâtre, c’est d’inventer des histoires, de faire preuve de créativité et ça me donne aussi confiance en moi. »
Prendre confiance en soi
À la veille de la représentation, c’est encore un peu la cacophonie dans la distribution des rôles. « Le but est que chacun puisse prendre la parole est de créer une dynamique de groupe », assure Hélène Palardy qui fait partie de la compagnie Le temps de vivre basée à Colombes. Pendant la semaine, l’artiste a multiplié les jeux théâtraux et a invité les huit jeunes âgés de onze à treize ans à raconter leur quotidien tout en y insérant petit à petit du fantastique.
Dans l’entrebâillement de la porte, Marion Honoré et Mariam Magassa observent les progrès du groupe. « Ils habitaient dans le même quartier mais ne se connaissaient pas tous. Ce stage a permis de créer du lien entre eux. C’est aussi un travail sur la mémoire, sur le respect de l’autre, l’imagination et la confiance en soi », affirment les deux éducatrices de l’Apsis, l’Association de prévention spécialisée et d'insertion sociale qui s’adresse à des jeunes Rueillois de 11 à 25 ans confrontés à différentes problématiques comme le décrochage scolaire ou la rupture du lien familial. La structure organise régulièrement des actions collectives comme ce stage de théâtre. « Elles permettent de nous faire connaître et de connaître d’autres jeunes. Cette semaine nous a permis par exemple de rencontrer de nouvelles familles que nous n’avions jamais vues auparavant », poursuit Marion Honoré. Ce stage s’inscrit également dans le plan vacances été jeunes mis en place par le Département qui propose aux jeunes de 11 à 25 ans des activités culturelles et sportives ainsi que des séjours.