Deux nouvelles ailes de brique ont été ajoutées à la façade historique – la ligne Paris-Normandie fut mise en service il y a 180 ans – qui donnent accès aux quais. Le hall principal abrite désormais les services aux voyageurs : billetterie et information, commerces, espaces d’attente… Au terme de cinq ans de travaux la gare, principale des onze réhabilitées pour Eole, est en capacité d’absorber davantage de voyageurs. « Cela aura été un chantier important avec le réaménagement de deux bâtiments voyageurs, le nord que nous inaugurons et le sud mis en service en 2019 », explique Xavier Gruz, directeur du projet Eole chez SNCF Réseau. La création d’un nouveau viaduc et d’un atelier de maintenance ainsi que d’importants travaux sur les voies seront nécessaires avant que les trains puissent rouler jusqu’au terminus en 2026. « C’est l’ensemble du nœud ferroviaire de Mantes qui doit être refait en amont en aval de la gare ». Le tout sans interrompre les autres dessertes : ligne J et N du transilien, TER, TGV…
Levier d'attractivité
Ce terminus est « la ligne de mire » d’un projet stratégique pour le territoire francilien et en particulier pour le Mantois. Ses promesses ? Deux fois plus de trains qu’avec la ligne J actuelle, du matériel roulant nouvelle génération (RER NG), d’une capacité trois fois supérieure à celui du transilien, plus confortable et plus rapide – 80 km/h contre 60 km/h – et l’accès à l’un des itinéraires le plus interconnecté du réseau francilien. « Plus qu’une gare, ce projet est un outil de développement pour tout un territoire, explique Pierre Bédier, président des Yvelines. Un territoire parmi les plus abîmés de l’Ouest parisien où l’on recense 10 % de la population des Yvelines et 25 % des bénéficiaires du RSA du département. »
Ce projet doit aussi resserrer les liens avec les Hauts-de-Seine puisque le RER E mettra Mantes-la-Jolie à 40 minutes de La Défense – contre 52 minutes actuellement. « Eole sera un levier supplémentaire d’attractivité pour notre quartier d’affaires, souligne Georges Siffredi. Nous faisons tomber la frontière artificielle entre grande et petite couronne qui ignore les réalités du quotidien : des habitants travaillent, étudient, et retrouvent leurs proches de part et d’autre. » Le Département a déjà investi 205 M€ dans ce prolongement, également soutenu par la Région, les Yvelines et la ville de Paris. Outre la rénovation de 11 gares et de 47 km de voies, le projet prévoit 3 nouvelles gares et 8 kilomètres de tunnel entre Haussmann-Saint-Lazare et Nanterre La Folie. Un premier tronçon qui devrait ouvrir courant 2024.
« L’État doit être au rendez-vous de ses engagements »
Eole doit faire de Mantes « une nouvelle centralité » et « développer la Vallée de la Seine », estime Valérie Pécresse. Mais le projet continue à accumuler les surcoûts, n’a-t-elle pas manqué de souligner : « Le montant total atteint 5,4 Mds€ avec des dépassements pour l’ensemble des financeurs. C’est le plus gros projet d’investissement en Île-de-France. ». À un an de la mise en service du premier tronçon, entre Haussmann-Saint-Lazare et Nanterre, la présidente d’Île-de-France Mobilités s’inquiète par ailleurs de ne pas être en mesure d’assurer l’exploitation de la ligne, faute de transferts suffisants. « Sans de nouvelles recettes fiscales, on ne pourra pas assurer l’ouverture de la ligne l’année prochaine à La Défense. L’État doit être au rendez-vous de ses engagements. » Enfin Valérie Pécresse appelle à un nouveau Contrat de plan État Région (CPER) à hauteur de 10 Mds€pour 2023-2028 afin de financer les nombreux projets à venir dont la ligne 18 du Grand Paris Express, à l’étude entre Versailles et Nanterre.