D’un tonitruant éclair de voix, arraché à ses puissantes cordes vocales, elle attire, comme magnétique, les premiers festivaliers d’abord perplexes, puis scotchés par cet orage foudroyant la foule de son flow épicé. « J’ignore pourquoi on m’a programmé à 15 h, mais on va faire avec… ! », leur lâche-t-elle après un premier morceau explosif, pleine de défi face à cet horaire réputé difficile. Drapée d’une tenue noire échancrée - un costume de scène déjà aperçu au Festival des Vieilles Charrues – Uzi Freyja assaille la foule de ses titres les plus rageux – Jealousy, Black ou Power - agrémentés de plusieurs inédits.
Juchée sur la scène du Bosquet, l’artiste, égale à elle-même, signe ce 26 août son premier Rock en Seine. Une opportunité de carrière peut-être décisive, que la chanteuse doit à son Prix Chorus et à son pendant, le « Coup de Cœur Rock en Seine », décerné en mars dernier par les équipes du festival à l’issue du Chorus des Hauts-de-Seine 2023. « Chorus était très intense, se souvient-elle. Après cela, de nombreuses dates se sont enchainées, comme les Francofolies, les Vieilles Charrues… soit beaucoup de concerts et peu de sommeil... Mais le fait de jouer à Rock en Seine, c’est un accomplissement ! »
Aux côtés de l’émergence
Sur scène ou à la télévision - Arte lui a dédié un de ses formats Arte Concert - la chanteuse soumet à son public ses déhanchements endiablés. « J’ai toujours été exubérante mais auparavant, j’étais plus renfermée à cause de mon corps, confie-t-elle la voix doucereuse, d’un abord contrastant furieusement avec la bête de scène, qui constitue son autre facette. Les concerts sont très importants pour moi, j’ai l’impression que c’est le seul moment où je suis honnête avec moi-même ». Loin du répertoire universel de l’amour, elle préfère évacuer à sa manière les vicissitudes de sa jeune existence, comme un carnet de voyage intérieur, le « girl power » en lame de fond. À l’arrivée : quarante minutes de concert à grandes déperditions d’énergie. « Sur scène, je ressens les émotions avec lesquelles j’ai écrit ma musique. Et même s’il y avait une distance culturelle (entre le public et moi) on ne faisait qu’un et il réagissait bien à ma musique ! ».
À travers le concours national de Jazz de La Défense, le plan d’accompagnement à la professionnalisation (PAPA) et le Prix Chorus, le Département met ainsi un point d’honneur à soutenir l’émergence et les nouvelles figures de la musique actuelle, à l’image d’Uzi Freyja. « Cette jeune artiste va ainsi gagner en visibilité auprès du public, explique Élise de Blanzy-Longuet, directrice de la Culture au Département. L’émergence, avec la jeunesse, est un axe fort de notre partenariat avec Rock en Seine. Accompagner les artistes contribue à rendre la culture accessible à tous, en aidant à la fois les spectateurs à aller à la rencontre des œuvres, mais aussi en aidant les artistes à montrer leur travail ».
Rock en Seine, un festival pour tous
Engagé pour une culture accessible à tous, le Département a convié pendant le festival une vingtaine de jeunes protégés par l’Aide Sociale à l’Enfance. Ce public, dit « éloigné de la culture », a bénéficié de moments d’échanges avec des professionnels du monde de la musique, qu’ils fussent régisseur décoratrice ou scénographe. Leur après-midi s’est conclue par une montée sur un côté de scène lors des prestations d’Ethel Cain ou de Nova Twins. L’occasion de découvrir ces artistes à l’affiche mais aussi les différents corps de métiers s’affairant en coulisses, pour leur garantir les meilleures conditions de concert possibles.