À l’horizon 2030, selon l’Insee, près d’un quart des Alto-Séquanais auront plus de 60 ans contre un sur cinq aujourd’hui. Ce constat est à la fois une contrainte et un aiguillon pour le Département, chef de file des solidarités, qui vient de présenter une nouvelle stratégie articulant enjeux de prévention, de maintien à domicile et d’accueil en établissement pour répondre à ce défi de société. « Le Département consacre 150 millions d’euros par an à sa politique de l’autonomie mais lesévolutions démographiques nous incitent à nous projeter dans l’avenir, explique Georges Siffredi. Nous voulons structurer l’offre de services et de soins et garantir une solution adaptée à chaque situation afin que le bien-vieillir soit une réalité dans notre département. »
L’amplification de la prévention pour « retarder voire empêcher l’apparition et l’aggravation des symptômes » et « réduire la part des personnes dépendantes au sein d’une population vieillissante » découle naturellement de cette vision à long terme : dépistage des déficiences lors des forums Giga Séniors de l’Institut des Hauts-de-Seine, appels à projets en direction du secteur privé ou associatif, lutte contre l’isolement « cause d’un vieillissement prématuré ou d’une aggravation de la perte d’autonomie », avec des actions comme Juvenior, Sourire d’Été ou le dispositif Oyes+ de mise en relation d’étudiants et seniors. « Rompre cette spirale de l’isolement, en offrant aux seniors des opportunités de rester actifs et de partager des temps de rencontre et de convivialité, c’est entretenir le bien-être psychique et émotionnel. »
Virage domiciliaire
Le maintien à domicile, souhait d’une majorité de seniors, implique de faire évoluer le parc public et privé. Quelques aménagements simples peuvent faire la différence, ciblés par le nouveau règlement départemental en faveur de l’adaptation de l’habitat privé - remplacement d’une baignoire par une douche, pose d’un élévateur, revêtements antidérapants – tandis que la collectivité soutient l’offre de logements dits intermédiaires. « Il s’agit, précise Georges Siffredi de répondre aux aspirations de ceux dont la perte d’autonomie est relative mais qui vivent difficilement leur maintien à domicile, en raison par exemple de l’isolement ou de la difficulté à gérer les tâches quotidiennes. » En plus des 11 résidences autonomie de Hauts-de-Seine Habitat, 32 projets d’habitat inclusif, combinant espaces privatifs et partagés et projet d’animation, doivent voir le jour d’ici à 2030.
Les services à la personne eux aussi s’adaptent, le Département soutenant la professionnalisation des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) - avec des priorités comme la lutte contre l’isolement, le soutien aux aidants, l’élargissement des horaires d’intervention. De son côté l’agence interdépartementale de l’autonomie, (AutonomY), s’apprête à lancer fin 2023-début 2024 une « plateforme numérique de service de l’autonomie»inédite qui décloisonnera le suivi et ses multiples acteurs, de l'aide à domicile au kinésithérapeute en passant par le médecin traitant. « Cet outil fonctionnera grâce à un référent unique, en lien avec les familles et avec les partenaires , explique la directrice de l’agence, Asmae Chouta. C’est un projet qui matérialise le service public territorial de l’autonomie. »
Vers l'Ehpad de demain
Pour les plus dépendants, le Département entend « réinventer l’Ehpad » afin de le rendre plus attractif aussi bien dans sa dimension bâtimentaire que d’implication des familles, d’ouverture sur l’extérieur et de qualité de vie des seniors et des professionnels. « Bien avant que les conditions d’accueil de nos ainés dans certains établissements ne fassent la une de l’actualité, j’ai tenu à ce que nous nous emparions de cette question cruciale, explique Georges Siffredi. Nous devons faire en sorte que nos seniors et leurs familles cessent de considérer les établissements d’accueil médicalisés avec angoisse. » L’élaboration avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et six établissements d’un référentiel « qualité de vie des seniors », encore sans équivalent en France, a permis d’identifier quatre enjeux – pilotage des établissements, cadre bâti, lien social, bien-être individuel - et une centaine de critères à atteindre. Il sera largement diffusé auprès des 108 ehpad et 42 résidences autonomie. Enfin le Département souhaite identifier un site en vue de construire un Ehpad modèle, concrétisant ainsi sur le territoire cette réflexion partenariale sur l'établissement de demain.
Renforcer l’attractivité des métiers et aider les aidants
Deux conditions ont été posées en vue de la réussite cette politique. La première concerne les aidants. Grâce à la future « plateforme numérique de service pour l’autonomie » de l'agence AutonomY, ils bénéficieront d’un interlocuteur unique et expert ainsi que de conseils et d’informations tandis que le Département compte encourager l’offre d’accueil temporaire et d’accueil de jour dans les Ehpad et veut créer la première "maison du répit" en Île-de-France à horizon 2025. Le développement de l’attractivité des métiers du soin, actuellement en tension, sera également un préalable indispensable. AutonomY concourt à cet objectif par l’intermédiaire de sa « plateforme des métiers des services d’aide à la personne » qui œuvre au renforcement de l’offre de formation et au recrutement de nouveaux publics, notamment dans le cadre de parcours d’insertion.