Sur l’écran géant du CNIT Forest, le compteur s’affole, affichant des sommes qui ne cessent de grimper et laissent incrédule. Pour signaler leurs promesses de dons, les participants lèvent leurs pancartes numérotées devant le « commissaire-priseur » dont la voix, elle aussi, s’emballe tandis que le public applaudit. « Vous avez fait chauffer la carte bancaire ce soir » s’émeut-il. Les dons, défiscalisés, sont libres et suivent des paliers de 100, 500, 1000 et 5000 euros, en fonction de l’intérêt du projet et de la force de persuasion du tribun... Les uns après les autres chacun des neuf candidats pitche devant une salle comble pendant 4 minutes pour tenter d’emporter l’adhésion du public qui applaudit à chaque bond de la cagnotte.
Empruntant à la fois aux codes des startups et à celui des grand messes sportives, ce format philanthropique a séduit cette année huit cents participants, soit le double de l’édition 2023 : grands groupes, PME mais aussi particuliers… « C’est un vrai show à l’américaine avec une émulation, de l’émotion dans la salle. Ce sont les fondateurs en personne qui viennent nous présenter les problèmes auxquels ils font face, c’est vivant, concret, et ce sont des projets locaux », apprécie Dominique Galet qui dirige un cabinet de recrutement à Levallois. Cette année encore il se tient prêt à soutenir la cause qui le touchera le plus. « Je me suis fixé une limite mais je suis prêt à faire de petites entorses », explique-t-il.
À l'américaine
Créé en 2020 par la Fondation Sainte-Geneviève, le Parvis solidaire met en relation des grands groupes, PME et particuliers avec des acteurs qui luttent contre la misère et l’exclusion dans ou à proximité du 1er quartier d’affaires européen. Cette soirée a lieu à l’issue d’un processus de sélection entamé en septembre avec l’appel à projet. Les quarante candidats ont été, ramenés à quinze, puis à neuf finalistes après un grand oral devant un jury d’entreprises, de partenaires de la fondation et de médias…. « Nous recherchions des projets à impact innovants et avons été attentifs à la personnalité des porteurs de projets qui devaient avoir une solide expérience », précise Patrice Henry, délégué général de la fondation Sainte-Geneviève.
Les champs investis, très diversifiés, vont de la lutte contre la précarité, à l'éducation en passant par la réinsertion. « Ces projets montrent les synergies qui existent entre toutes les initiatives, publiques comme privées, pour garantir le bien être de chacun dans les Hauts-de-Seine », souligne Georges Siffredi, président du Département et de Paris La Défense, qui rappelle que les solidarités représentent 62 % des dépenses de fonctionnement de la collectivité et que 6,8 millions d’euros sont dédiés cette année au monde associatif.
Parmi les lauréats, l’association « Lire pour en sortir », forte de 265 bénévoles sur quinze sites dont la maison d’arrêt de Nanterre, propose de la réinsertion par la lecture auprès des détenus. « Nous développons nos activités à Nanterre et ce parvis solidaire est un gros challenge pour nous », explique Justine Baraquin, responsable du mécénat. L’association demandait 45 000 euros pour développer un programme d’accompagnement personnalisé et créer et animer une bibliothèque à Nanterre. Le pitch de sa directrice générale, Marie-Pierre Lacabarats, a si bien convaincu que 60 000 euros ont été récoltés en quelques minutes. La tendance est générale. Ce ne sont ainsi pas moins de 922 000 euros qui auront été levés pour ces neuf nouveaux projets contre 500 000 euros l’an passé. Une soirée record pour la générosité.
Les neufs lauréats
- Lire pour en sortir (réinsertion de détenus par la lecture)
- Marraine et Vous (développer l'accompagnement des mères isolées dans les Hauts-de-Seine)
- We are Lovers (alerter sur les dangers de la consommation de pornographie).
- Ce qui compte vraiment (permettre à des lycéens d'écrire le récit de la vie d'une personne âgée).
- Celije (permettre aux jeunes de réaliser leurs projets).
- La Maison de Marthe et Marie (colocation solidaire pour les femmes enceintes).
- La Salle à manger (restaurant social et solidaire).
- Le Club des Six (colocation de personnes en situation de handicap)
- Les Petites cantines d'Antony (cantine solidaire de quartier à Antony).