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Un institut du psychotraumatisme de l’enfant pour 2021

Solidarité

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Au delà de leurs compétences obligatoires, les deux Départements s'engagent pour la prise en charge précoce des problèmes de santé mentale. CD92/OLIVIER RAVOIRE
Le projet porté par les Yvelines et Hauts-de-Seine avec le centre hospitalier de Versailles d’un institut interdépartemental du psychotraumatisme de l’enfant s’apprête à entrer en phase opérationnelle.

L’année 2021 sera celle de la montée en charge progressive de cet institut, porté par les deux Départements avec le centre hospitalier de Versailles. Ce projet, comme l’a rappelé Pierre Bédier, président des Yvelines, à l’occasion du colloque sur la protection de l’Enfance, le 14 octobre, aux Mureaux, implique d'actualiser « le schéma actuel en matière de protection de l’enfance qui date de la Seconde Guerre Mondiale. On ne fait plus face à des orphelins mais à des familles dysfonctionnelles. D’autre part, l’aide sociale à l’enfance reste orientée sur la prise en charge matérielle. Cela ne suffit plus. Il nous fallait un outil ». Avec cet institut, l’accent sera mis sur la prise en charge précoce des problèmes de santé mentale.  « Notre politique privilégie la prévention. Plus tôt on intervient, mieux on pourra soigner », souligne Marie-Laure Godin, vice-présidente des Hauts-de-Seine, en charge des affaires sociales, des solidarités et de l’insertion.

 

12 000 enfants concernés

Les trois années précédentes avaient été celle du diagnostic réalisé par une équipe projet resserrée. La démarche a permis d’établir que sur les deux territoires « la détection du psycho-traumatisme est trop rarement effectuée et lorsqu’il est identifié il est souvent trop tard. L’attente pour une consultation est évaluée entre six et neuf mois ». Par psycho-traumatisme, le Dr Jean-Marc Benkemoun,  pédopsychiatre au centre hospitalier de Versailles, copilote du projet, entend « une réaction psychique ou corporelle, suite à une situation traumatique, associée à des états dépressifs ou à des troubles du comportement ». Situations qui peuvent se produire au sein de la cellule familiale ou découler de causes extérieures - catastrophe naturelle, attentat, accident de la route... Pour y remédier, la prise en charge de l’institut se veut « globale, continue, pluridisciplinaire, coordonnée » etpourrait potentiellement toucher 12 000 enfants, confiés ou non à l’Aide sociale à l’enfance.

Au plus près du lieu de vie

Pour une meilleure coordination avec l’hôpital, le siège  sera installé à Versailles, dans les locaux de l’ancien Institut de formation sociale des Yvelines. Les interventions, « au plus près du lieu de vie », s’appuieront sur les acteurs médico-sociaux de terrain, à qui est confiée l’évaluation de premier niveau mais aussi la prise charge de l’enfant suivi par un binôme associant référents de l’institut et de terrain. « Encore insuffisante » la formation ces derniers sera l’un des premiers volets lancés en 2021 avec le recrutement d’une équipe dédiée - éducateurs, infirmiers, psychologues...  Sur le plan thérapeutique, seront privilégiées les approches  « par le corps »  - cognitivo-comportementales, EMDR, hypnose, jeux de rôle, art thérapie, médiation animale.  Enfin sera créé un pôle de recherche sur le psychotraumatisme pour « créer des ponts entre la science et la pratique et implémenter les connaissances les plus récentes ».

Réunis au sein d’un groupement d’intérêt public avec le centre hospitalier de Versailles, pour lequel une convention sera bientôt signée, Hauts-de-Seine et Yvelines financeront chacun à hauteur de cinq millions d’euros par an cet institut dont ils souhaitent faire une référence sur le plan national et international. « C’est un investissement que nous récupérerons, j’en suis certain, en réduisant par la guérison du psychotraumatisme le nombre et la durée des placements », conclut Pierre Bédier.