Tout est né d’un constat alors que le déconfinement se profilait : « Beaucoup de makers (fabricants dans la terminologie des fablabs NDLR ) ont commencé à fabriquer des visières de protection pour participer à l’effort de guerre. Mais sur les réseaux sociaux, on voyait qu’il y avait une pénurie d’imprimantes 3D qui servent à les fabriquer, racontent Florence Sylvestre et Farid Hamzi du service « Environnement numérique des collèges » au Département. Or 74 de nos collèges publics en étaient déjà dotés pour leurs projets pédagogiques. C’était l’occasion de valoriser ce patrimoine. Il leur manquait juste la matière première et l’accompagnement ». Après avoir reçu les matériaux - du plastique biodégradable - un kit de fabrication, et bénéficié d’un « webinaire » à distance, les quarante et un collèges volontaires ont déjà produit trois mille visières pour leurs propres besoins ou ceux de leur environnement proche. « Certains en ont donné à d’autres établissements ou à des écoles, c’est aussi une façon d’être solidaire », souligne Florence Sylvestre.
Des visières pour les agents
Depuis peu cette action se décline aussi à l’hôtel du Département où dix imprimantes 3D tournent à plein régime dans un fablab éphémère. « Quand j’ai commencé, je ne savais pas allumer cette machine mais ça s’apprend vite, les manipulations sont très simples, explique Nadir Sellami, l’un des cinq agents du service ENC qui supervisent l’impression et se chargent de la découpe, de l’assemblage et du conditionnement. A son tour, il appuie ses collègues dans l’esprit collaboratif qui caractérise les fablabs. Jusqu’à la fin du mois, l’objectif est de produire 450 visières supplémentaires au profit des agents accueillant du public dans les établissements culturels ou médico-sociaux. Le service territorial 4 à Neuilly-sur-Seine, Courbevoie et la Garenne-Colombes, où intervient Alison Martinez, a été équipé. « Nous utilisons ces visières en complément du masque pour nous protéger des émissions de gouttelettes lors des consultations en PMI mais aussi lors des visites à domicile. Ce dispositif rassure les agents, surtout si leur interlocuteur ne porte pas de masque », explique l’infirmière puéricultrice. A l’issue de leur séjour à l’hôtel du Département, les dix imprimantes 3D seront redéployées dans les collèges non encore dotés.
D’ores et déjà Florence Sylvestre mesure la portée de cette action inédite : « Le numérique fait bouger les frontières, il transforme les espaces et les pratiques pédagogiques. Cette action a permis à certains établissements de redécouvrir le potentiel de leur imprimante 3D et des agents des collèges nous ont demandé à être formés», explique la directrice du service ENC qui rêve, après les imprimantes 3D, de faire entrer des fablabs dans les établissements.