Un « été à lire » à la Maison de Chateaubriand

2min et 55sec de lecture

Tourisme et loisirs Culture

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2min et 55sec de lecture

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"Un été à lire", jeudi 8 août, à la Maison de Chateaubriand, au Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups (Châtenay-Malabry).CD92 / Julia Brechler
Jusqu’au 29 août, dans le parc du grand écrivain, sont programmés des lectures, un spectacle de marionnettes, un quiz musical et même une partie de jeux de société, à ciel ouvert. Y sont conviés gratuitement la jeunesse, les familles et les publics des solidarités.

C’est un petit coin de paradis, où l’on vient curieusement se faire peur, en plein jour. Disons plutôt, se faire des frayeurs, une œillade jetée sur la nature environnante, suffisant à adoucir n’importe quel récit d’épouvante. C’est d’ailleurs sans trop y croire, qu’Olivier Grinhard, médiateur à la Maison de Chateaubriand, tente d’effrayer gentiment son audience, exclusivement féminine, en cet après-midi radieux au Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups (Châtenay-Malabry). « Craignez-vous les cauchemars... ? », questionne-t-il, tout en feuilletant son recueil jusqu’à trouver l’entame d’une fiction dont la lecture, par prudence, a tout de même été réservée aux adultes.

Le cœur bien accroché, ces dames lovées dans leur transat s’abandonnent vite à ce narrateur qui, les yeux collés sur son texte, s’échine à n’écorcher aucune réplique des personnages, dignes des folkloriques légendes d’autrefois. « Ce sont des histoires de spectres et de revenants... Cela plaît ! », sourit-il, sans démenti de son public. Au programme de cette lecture, trois contes mais un seul univers, celui d’Anatole Le Braz, écrivain français. « Comme Chateaubriand, il a passé son enfance en Bretagne gallèse, mais il n’a jamais écrit en breton que pourtant, il savait », révèle Olivier Grinhard qui, comme le monde est petit, est lui né à Combourg, en Seine-Maritime.

Une parenthèse enchantée

Entre un grand marronnier et un cèdre du Liban, s’enchaînent ainsi en une heure de temps Le Pendu, La Vision de Pierre Le Rün et L’Histoire de Marie-Job Kerguénou, loin du ressac et des embruns du Morbihan. « Les arbres sont des paysages à eux tous seuls, philosophe le conteur, qui doit jouer avec le soleil et le vent, seuls éléments perturbateurs. Ces spécimens, pour le coup, contrastent et évoquent plutôt un voyage en Orient. » Bientôt, Christine, une habituée de ce rendez-vous estival, se redresse sur son siège et, la bouche entr’ouverte, semble comme suspendue à ces récits à suspense. « Sous des airs macabres, ce n’est en fait pas bien méchant, s’amuse-t-elle. C’est une façon de redécouvrir des croyances anciennes, qui nous sont aujourd’hui complètement étrangères. Et puis, ici, la nature est belle... »

Qu’en pense Françoise, toute nourrie des légendes de sa Bretagne natale ? « Je retrouve tout ce que j’aime : la transmission orale et l’Ankou, incontournable de notre imaginaire local... » Faisant bande à part - après tout, c’est permis - une âme solitaire a préféré prélever dans une caisse un des ouvrages prêtés par la médiathèque de Châtenay-Malabry, partenaire de « Un été à lire ». Il faut le carillon, qui sonne 16 heures, pour que s’achève ce salon de lecture au grand air. Encore que pas tout à fait, puisque Anatole Le Braz reviendra, après un conte lui plutôt destiné aux enfants, « hanter » la Maison de Chateaubriand. La prochaine fois, pour la dernière lecture de la saison, ce sera pour faire place à la Révolution et au diable, qu’en Bretagne, nous dit-on, on moque plus souvent qu’à son tour.

 

Retrouver ici la programmation complète de "Un été à lire" à la Maison de Chateaubriand (Châtenay-Malabry).