L’attaque malicieuse du hacker passe parfois par le plus petit des détails, en l’occurrence une micro-puce implantée dans la valve du pneu d’un véhicule, une véritable porte d’entrée vers le piratage des indicateurs de pression et de température. « Aujourd’hui, on est capable de prendre le contrôle d’un véhicule grâce à un téléphone et de faire rouler un véhicule sans personne à bord grâce à un logiciel libre », explique Gaël Musquet, hacker éthique chez Altrnativ.radio, sorte de pirate bienveillant qui pénètre dans le système d'information d’une entreprise pour en évaluer la fiabilité. Le secteur des véhicules autonomes – et donc leur sécurisation - est pour le moment surtout en développement en Asie et aux États-Unis. « L’Europe ne doit pas rater le coche, poursuit Gaël Musquet. Le rôle du Campus Cyber est donc de partager toutes les connaissances et les intelligences sur ce sujet. »
De la petite start-up au grand groupe du Cac 40, de l’étudiant au ministre, de l’association à l’industriel, le Campus Cyber veut réunir et favoriser la collaboration entre les acteurs de tous les horizons pour soutenir ce projet aux retombées bien concrètes. « C’est une réalité quotidienne pour les services publics comme par exemple les transports ou les hôpitaux pour lesquels une cyberattaque peut arrêter l’activité, explique Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance. La cybersécurité est donc un enjeu économique, social et stratégique. » Près de 150 millions d'euros ont ainsi été investis par l’État dans ce campus qui accueille 160 acteurs nationaux et internationaux de la sécurité numérique, soit 1 800 experts installés dans la tour Eria de Paris-La Défense.
Trois leviers
Ce campus veut jouer sur trois leviers. Le premier, celui de l’innovation et de la recherche avec un soutien au développement de technologies et, bientôt, un accélérateur de start-up, le premier du genre en France uniquement dans ce domaine. Deuxième levier, celui de la prévention à destination des collectivités territoriales et des entités au service des habitants avec des Centres de réponse aux incidents cyber chargés de prendre en charge les trous dans la raquette numérique. Ces centres régionaux auront une structure nationale hébergée sur le campus.
Le troisième objectif de Cyber est de contribuer à créer 37 000 emplois d’ici 2025 dans un secteur dynamique avec un chiffre d’affaires de 100 milliards d’euros dans le monde, une croissance annuelle de 10 % et la France qui représente 40 % du secteur européen. La cybersécurité peine pourtant à recruter puisqu'on estime à 15 000 le nombre d’emplois vacants, notamment à cause de l’image du hacker « geek au pull à capuche » qui lui colle à la peau. « Le but de ce lieu, c’est aussi de casser les codes de la cybersécurité, reconnaît Michel Van Der Berghe, président directeur général du Campus Cyber. On a plein de jeunes talents à attirer, notamment les femmes, qui représentent moins de 8 % des employés. » Le campus, qui regroupe déjà plusieurs organismes de recherche, participera à l’effort de formation de 9 250 personnes destinées à devenir des spécialistes du domaine.