C’est un cycle que certaines d’entre elles vivent déjà chaque mois et que d’autres attendent encore. Avec pédagogie, l’intervenante s’empare de ce sujet intime mais qui doit être connu de chacune d’entre elles . « Quand vous avez vos règles, c’est parce que l’endomètre, la paroi de votre utérus, qui s’était gonflé comme un matelas pour accueillir un futur bébé se met à tomber en lambeaux. Comme une tapisserie », explique-t-elle, modèle en plastique à l’appui. Au rayon des protections menstruelles, elle s’emploie ensuite à combattre les idées reçues. Non, « le tampon ne peut pas partir dans le corps et remonter jusqu’au cerveau ! » À la fin de ce temps d’information, chaque collégienne se voit remettre une culotte menstruelle lavable, d'une durée de vie de cinq ans. Une protection « sans fuite, sans odeur », moins coûteuse sur la durée qu’une serviette et plus écologique.
Précarité menstruelle
L’objectif de ces distributions est de combattre la précarité menstruelle, phénomène longtemps tabou, source d’absentéisme voire de déscolarisation dans le pire des cas. « Cette campagne Toutes Culottées est née parce que beaucoup d’établissements nous disaient ne plus voir certaines élèves pendant leur règles, faute de pouvoir acheter des protections ou du moins des protections satisfaisantes », rappelle Nathalie Léandri, vice-présidente du Département en charge de l’éducation et du numérique éducatif. Cette année nous voulons toucher toutes les jeunes filles, de la 5e à la 3e, de nos 98 collèges publics. » Vingt-cinq mille culottes seront ainsi distribuées – contre 3 000 l’année dernière, les protections étant désormais remises à l’issue d’un atelier d’information. « Si certaines souffrent de précarité menstruelle, beaucoup d'entre elles manquent d’informations sur la vie intime et le cycle menstruel », explique Bénédicte de Kerprigent, présidente de l’Institut des Hauts-de-Seine. Avec cet atelier nous avons voulu combler ce vide. »
Des étudiantes en médecine ou de futures sages-femmes ont été choisies pour animer ces ateliers sur le temps scolaire. « J’essaie de parler de tous ces sujets comme j’en parlerais avec des copines. À leur âge, j’aurais aussi aimé qu’on me rassure, explique Juliette Sempéré, en cinquième année de de médecine. J’ai l’impression que les filles ont un peu honte et manquent d’informations sur leur anatomie. Il n’y a pas de raison que les femmes attendent leurs 25 ans pour être à l’aise avec leur corps. » Toute la matinée, les groupes se sont succédés pour des sessions de trente minutes. « On peut vraiment poser toutes sortes de questions, il n’y en a pas une plus bête qu’une autre et sans les garçons, c’est moins gênant car à cet âge-là il ne sont pas très mâtures », juge Basma, en 5e. « Il y a des choses que je savais déjà mais j’ai approfondi ma culture générale », confie de son côté Chadia, en 3e, kit sous le bras et prête à tester cette culotte dont elle avait tant entendu parler.