Première particularité, le site retenu pour accueillir le nouveau puits, à trente mètres de profondeur, ne coïncide pas avec celui de la future gare de Pont de Sèvres, point de départ de cette ligne 15 sud. « La gare sera située en dessous de la RD 1, ce qui a nécessité, avant même de la construire, de détourner les réseaux. Pour respecter le planning des travaux, il fallait un autre endroit pour le puits », explique Vincente Fluteaux, chef de projet au sein de la Société du Grand Paris (SGP). D’où l’installation sur l’Île-de-Monsieur, de l’autre côté de la Seine. Sur ce site classé, la SGP a dû en outre composer avec le décor, installant des palissades en bois, plus basses que d'ordinaire, et peignant ses structures de chantier en vert pour les fondre dans la végétation.
Double passage sous la Seine
C’est de là que Laurence s’élancera début 2020 en direction de la future gare d’Issy-Fort-de-Vanves. Pendant seize mois, cette machine de 1 600 tonnes, d’un diamètre de dix mètres, dotée d’un train de cent vingt mètres, creusera à raison d’environ onze mètres par jour, sur 4,2 km du tronçon. C’est aux membres de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, en résidence à La Seine Musicale, qu’est revenu le choix du nom qui rend hommage à Laurence Equilbey. Cheffe d’orchestre mondialement reconnue, cette dernière dirige Insula orchestra, autre ensemble présent à Boulogne : « C’est un projet exceptionnel, à deux pas de la Seine Musicale. Etre marraine d'un tunnelier m’a laissé sans voix, je suis touchée et je serais heureuse si cela pouvait inciter davantage d’enfants à assister à des concerts et à s’inscrire à la Maîtrise des Hauts-de-Seine », a-t-elle réagi. Depuis Sèvres, le tunnelier devra passer à deux reprises sous la Seine, une première fois pour rejoindre Boulogne puis à nouveau à hauteur de l’île Saint-Germain. À Fort d’Issy-Vanves-Clamart, il fera la jonction avec Ellen, partie de Bagneux il y a un an. Le démarrage de ce huitième tunnelier de la 15 sud marque l’entrée en phase industrielle du chantier : « Les dix tunneliers seront à pied d’œuvre en début d’année prochaine avec un objectif d’achèvement au printemps 2021 de l’ensemble des tunnels. Ils vont relier entre elles les boîtes-gares, qui sont des ouvrages complexes, réalisés lors d’une première étape. On parle souvent d’immeubles de dix à quinze étages en souterrain », explique Thierry Dallard, président du directoire de la société du Grand Paris. Seront ensuite réalisés, en surface, la partie « voyageurs » des gares et les travaux d’équipements, tels la pose des rails, des systèmes d’électrification et de ventilation.
Le projet de métro automatique du Grand Paris Express prévoit quatre nouvelles lignes dont la ligne 15 sud qui, d’ici 2025, doit desservir vingt-deux nouvelles communes et transporter quotidiennement 300 000 voyageurs.