Il suffit de regarder les terrasses, de voir l'affluence dans les commerces, de ressentir l’animation ambiante : en ce mois de juin, le centre-ville de Clichy revit. Cependant les commerçants sont loin d’avoir tous repris leur rythme de croisière. « On est seulement à 30 à 40 % de notre chiffre habituel, explique Thomas Vizet, le cogérant du restaurant l’Auberg’In Le midi on travaillait beaucoup avec des salariés des entreprises voisines, qui sont encore en télétravail». Non loin de là, le salon de coiffure de Karine Granger, qui emploie quatre salariées, a retrouvé ses clientes mais accuse encore le coup de deux mois de fermeture administrative. Depuis le 11 mai, on a mis les bouchées doubles. On ouvre un jour de plus par semaine », explique la responsable qui a mis en place des mesures de protection aussi drastiques qu’onéreuses pour sécuriser cette reprise. Les deux commerces recevront respectivement 6 000 et 4 700 euros du Département. Une somme qui doit permettre à Auberg’In de payer « les charges, les loyers en retards, nos salaires, les produits d’hygiène et alimentaires » et qui couvrira pour Karine Granger deux mois de loyer. «Le plus important c’est que la société puisse perdurer et que je ne doive pas licencier », souligne cette dernière dont le mari, restaurateur a également vécu des mois difficiles.
Dix millions d'euros
Comme d’autres artisans, commerçants et sociétés de moins de vingt salariés, ces Clichois bénéficient du plan de relance départemental qui comprend, outre des mesures en direction des habitants et des communes, un volet de 10 millions d’euros pour la reprise économique. « On parle souvent des grandes entreprises mais ce maillage de commerces de proximité est aussi important, il amène de la vie dans nos villes, souligne Georges Siffredi, président du Département, Certains ont fermé pendant le confinement, d’autres étaient en partie ouverts, mais tous ont vu leur chiffre d’affaires affecté. Il fallait agir au nom de la solidarité ». « Nous avons 62 000 habitants à Clichy auxquels s’ajoutent les 40 000 personnes qui viennent travailler. Si on n’aide pas les commerces maintenant, c’est ce dynamisme qui pourrait être en danger », explique le maire, Rémi Muzeau. Toujours en soutien aux petites entreprises, courant juillet, le Département doit aussi apporter une contribution de 2 millions d’euros au fonds de solidarité Etat-Région qui cible les très petites entreprises, de moins de dix salariés.
270 dossiers
Les chambres consulaires, partenaires du Département, sont chargées de l’instruction des dossiers. D’un montant compris entre 2 000 et 10 000 euros, ces aides doivent correspondre à un minimum de dépenses ou de pertes de 4 000 euros. Elles sont destinées à couvrir les loyers et jusqu'à 50 % de la perte de chiffre d’affaire et des achats liés aux mesures de protection - gels, gants, masques. Pour aider les entreprises qui n’auraient pas encore pris le tournant numérique, les dépenses liées à la digitalisation sont également éligibles. « Pour l’artisanat, la perte de chiffre d’affaires pendant le confinement a été en moyenne de 70 %. Il n’y a pas plus de fermetures que d’ordinaire mais il faudra attendre un an avant d’avoir un véritable bilan » explique Daniel Goupillat, président de la Chambre de Métiers et d’Artisanat forte de 25 000 adhérents. « Ces subventions sont très importantes pour permettre aux petites entreprises de traverser cette période difficile. Sur nos 90 000 entreprises, environ 40 000 sont potentiellement éligibles », estime de son côté Benoît Feytit vice-président de la CCI Hauts-de-Seine. Preuve que ce dispositif répond à de vrais besoins, en trois semaines, deux cent soixante-dix dossiers ont été déposés pour un montant de 5 000 euros en moyenne.