En 2021 pas moins de 212 millions d’euros auront été consacrés aux six mille et quelque enfants et jeunes suivis par le Département dont plus de la moitié sont placés, soit près d’un quart du budget de l’action sociale. « Pourtant malgré notre volontarisme, force est de constater que dans les Hauts-de-Seine comme partout en France, les dispositifs d’accueil sont en tension », souligne Georges Siffredi, président du Département.En cause, la pression foncière, qui complique l’implantation de nouveaux établissements, l’augmentation - + 26% en six ans - du nombre d’enfants confiés, les difficultés de recrutement, le déficit d’accompagnements spécifiques... L’ambition de cette nouvelle stratégie, en trois volets complémentaires, est que « chaque enfant, quelle que soit sa situation, bénéficie d’un cadre adapté pour s’épanouir et construire sereinement son avenir ».
Le Département prévoit tout d’abord la création de six cents nouvelles places – soit une augmentation de 50% de la capacité d’accueil – et cherchera à mieux s’adapter à la diversité des situations : nouveaux établissements ou dispositifs pour éviter les « séparations douloureuses » au sein des fratries, institut médico-éducatif spécialisé dans les troubles autistiques, petites unités pour les jeunes « à besoins spécifiques » « afin qu’aucun enfant placé ne se retrouve sans solution ». Des logements « en semi autonomie » seront en outre créés pour les 16-21 ans et les contrats jeunes majeurs systématisés.
Valoriser le rôle des assistants familiaux
Deuxième axe, la valorisation des professionnels de l’aide sociale à l’enfance « sans lesquels, quels que soit les moyens déployés, rien ne pourrait être fait » : en plus des revalorisations salariales et des recrutements sur les métiers en tension, un plan a été adopté pour les assistants familiaux, « alternative précieuse au placement en structure spécialisée ». Une prime d’ancienneté et une prime de reconnaissance du diplôme d’État d’assistant familial seront instaurées en octobre et un relais expérimental, lieu de répit pour ces professionnels, vient d’être mis en place avec SOS Village d’Enfants, à Guerville. La formation sera renforcée.
Il s’agit, enfin, d’inventer des solutions inédites, souvent hybrides et partenariales. Le Département s’est ainsi associé avec les Yvelines et le centre hospitalier de Versailles pour la création d’un Institut du psycho-traumatisme de l’enfant et de l’adolescent et annonce celle d’une « Maison de l’Avenir », avec le pédopsychiatre Marcel Rufo. Dans ce même esprit sera déployé en 2023 le « passeport pour l’autonomie », portail d’information en ligne pour les 16-25 ans, lauréat de l’appel à projet national sur la transformation des territoires.
Une Maison de l’Avenir en 2025 à Nanterre
« Près de 40 % des jeunes de l’ASE travaillent bien en classe mais sont souvent orientés vers des filières courtes pour être rapidement autonomes, explique Marcel Rufo. Cette structure sera une « Maison », dans le sens où elle remplace une famille défaillante et dite de « l’Avenir » car l’objectif est que ces enfants aient le parcours qu’ils méritent, équivalent à celui des autres enfants. » Soixante-dix places sont prévues pour les 12 à 18 ans, dont trente en internat – avec une unité d’hospitalisation temporaire de six places - et quarante en accueil de jour. Les recrutements se feront en concertation avec les équipes éducatives en place. La prise en charge, globale, combinera aspects socio-éducatifs, médico-psychologiques et scolaires, la pratique sportive ou culturelle, associée « au plaisir de la découverte », étant entendue comme un soin à part entière. La Maison ouvrira ses portes en 2025 à Nanterre.