Grâce à ses dons de médium, Tess enquête sur la malédiction qui touche les hommes de sa famille au fil des siècles…Le lecteur voyage à sa suite au temps de Napoléon. Derrière toi, la malédiction des 33, entre roman historique, fantastique et enquête policière, signé Évelyne Brisou-Pellen, a eu la faveur du jury des collégiens à cinquante-et-une voix sur soixante-douze. « Un choix clair et marqué », observe Georges Siffredi, le président du Département. Trois classes participaient à ce prix qui sera décerné chaque année à un ouvrage jeunesse portant sur une période où a vécu Chateaubriand ou sur laquelle il a écrit. Il s’inscrit dans « Chemin des arts » un dispositif « qui permet aux jeunes de pratiquer des activités variées, de découvrir les hauts lieux culturels de notre Département, comme la maison de Chateaubriand et son magnifique parc, et de rencontrer des artistes ». À l’époque du tout numérique,« il s’agit de leur redonner le goût de la lecture et leur permettre d’exprimer leurs choix ». Derrière toi, a donc été préféré à Julia, fille de César, Journal d'une jeune Romaine de Viviane Koenig, second ouvrage en lice pour cette première édition.
Lecture et débat
Nessa, en sixième au collège Pierre-Brossolette à Châtenay-Malabry, le dit sans détour : elle n’aime pas tellement la lecture « à part les BD qui font dialoguer texte et illustrations ». Elle a pourtant fait l’effort de lire les deux livres « gros comme ça », mesure-t-elle entre son pouce et son index. Si elle a apprécié le format « journal intime », du livre de Viviane Koenig, faisant revivre le quotidien de la fille de César, le suspens de Derrière toi l’a conquise. « La fin inattendue et le mélange de réel et de fantastique sont géniaux », abonde Réda, son camarade de classe. « On les a laissé faire une lecture plaisir. Puis lors de notre débat en classe, ils ont se sont penchés sur l’intérêt de l’intrigue, le registre de langue, la période historique...», explique Geneviève Kienlen, professeur documentaliste.Grâce à une rencontre avec Sylvie Yvert marraine de la manifestation, ils ont aussi découvert les ficelles du métier d'écrivain. « J’ai eu la chance de naître dans une famille ou on aimait beaucoup les livres. Je trouve que ce prix des collégiens est une très bonne initiative pour développer le goût de la lecture », a souligné, lors de la cérémonie, cette auteur de romans historiques.
Place à l'imaginaire
Comme leurs illustres ainés, Jean d’Ormesson ou Marc Fumaroli, c’est donc à la Maison de Chateaubriand que les jurés en herbe ont remis son prix de 1 000 euros à Évelyne Brisou-Pellen, ainsi qu’un buste de Chateaubriand, œuvre de Nacéra Kaïnou. « Quand on écrit, on est dans le noir absolu. J'ai lancé un ballon d’essai, cela vous a plu, les a remerciés l’auteur de la trilogie Ysée et de la série à succès Le Manoir. Comprendre ce qu’on a aimé dans un livre, c’est aussi se comprendre soi-même, j’aurais adoré faire ça à votre âge ». Pourquoi avoir écrit sur une malédiction et pourquoi des 33 ? « Tout ne s’explique pas, sourit l’écrivain. Je trouvais que trente-trois était un chiffre intéressant, j’aimais l’idée d’un phénomène courant à travers les siècles. Quand on écrit, il y a toujours une part d’imaginaire… » Au sortir de cette cérémonie, où l’imaginaire a aussi fait irruption en la personne de deux comédiens incarnant Chateaubriand et sa muse la fée Velléda, chacun repart avec un exemplaire dédicacé de l’ouvrage lauréat.
En vidéo : Le prix Chateaubriand des collégiens