À quatre-vingt quatre voix contre vingt-et-une, les collégiens ont largement plébiscité Pénélope, la femme aux mille ruses d’Isabelle Pandazopoulos, préféré à Deux mille ans pour s’aimer de Marie-Aude Murail. Un court roman qui braque les projecteurs sur une figure abonnée aux seconds rôles : Pénélope. « Le personnage est souvent résumé au fait de tisser et défaire sa toile en attendant le retour de son époux Ulysse ! En fait elle a résisté pendant vingt ans à ses prétendants grâce à son intelligence », explique Arthur. Les traits de caractère mis en évidence par l’auteur « sont la volonté et la détermination », selon Clara qui mentionne aussi les beaux dessins de l’illustrateur Gazhole. « Nous aurions tout de même aimé en savoir plus sur les créatures mythologiques, peu évoquées dans l’histoire » tempère Simon. « Pénélope » s’inscrit dans une nouvelle série jeunesse confiée par Gallimard à la professeur de lettres classiques et romancière . « L’idée est de dépoussiérer le genre, en mettant en avant les déesses et les héroines de la mythologie dans un style facile d’accès. La série compte déjà trois titre, le quatrième sera consacré à Déméter », explique l’éditeur Nicolas Kiritzé-Topor, venu recevoir pour la lauréate son trophée, une statuette à l’effigie de Chateaubriand.
Chateaubriand, inspirateur de cette jeune manifestation, était un grand passionné de mythologie. Sur le modèle du prix historique dont elle se veut le pendant jeunesse, les ouvrages sélectionnés devaient entretenir un lien avec le grand écrivain, dont l'âme plane encore sur Châtenay-Malabry - lien avec son oeuvre ou avec la période où il vécut. « Nous espérons donner aux jeunes le goût de la lecture, les faire réfléchir sur les grandes périodes de l’histoire et surtout leur permettre d’aiguiser leur esprit critique et de développer leurs qualités d’analyse et d’argumentation, rappelle Nathalie Léandri, vice-présidente chargée de l’éducation et du numérique éducatif. Ces qualités leur seront particulièrement utiles tout au long de leur vie ». Un prix qui vient enrichir l’éventail déjà riche des propositions offertes aux collégiens dans le cadre du dispositif départemental d’éducation artistique et culturel Chemin des arts.
Rencontre avec un auteur
Au collège Brossolette de Châtenay-Malabry, telle une Pénélope de l'éducation, Sophie Arnaud-Seigle multiplie elle aussi les « ruses » : « Il est plus facile de faire lire les élèves dans le contexte d’un prix et leur donnant un rôle de jury, sourit la professeur de français qui réitérait cette année sa participation avec une classe de sixième. Sans compter les bénéfices en termes de culture générale puisque’ils revoient des notions de français ou d’histoire ». A Sceaux, Virginie-Rogé-Aubert s’est, elle, lancée cette année avec ses cinquième de Lakanal : « La qualité du projet qui associe la lecture de d’ouvrages à la visite d’un lieu historique et à la rencontre avec un auteur nous a séduit », explique-t-elle. « Les jeunes imaginaient qu’un écrivain était un peu hors sol. Quand je leur ai dit que je n’étais pas bonne à l’école, à part en français et en gym, j’ai vu les regards s’allumer », se réjouit l’autrice en question et marraine de la manifestation, Sylvie Yvert, qui s'est rendue dans les quatre établissements. « Si un seul élève a pris le virus de la lecture grâce à cela, c’est suffisant », ajoute-t-elle.
Plus d'informations sur le prix Chateaubriand des collégiens.