Emblématiques du quartier d’affaires, elles émettent au moment de leur construction et tout au long de leur existence 1 million de tonnes eq CO2 et sont donc responsables de la moitié du bilan carbone du quartier, équivalent à celui d’une grande ville de province. En novembre dernier l’établissement Paris La Défense lançait les États généraux des tours avec les différentes parties prenantes du quartier, un exercice d’intelligence collective sur fond de défi climatique. Six mois plus tard les premières propositions issues de ce travail partenarial qui aura réuni en tout 800 participants – acteurs publics, propriétaires, locataires, promoteurs, architectes et experts - sont sur la table.
Avec pour ambition de devenir le premier quartier d’affaire post-carbone de dimension mondiale, Paris La Défense vise une réduction de son empreinte carbone de moitié à horizon 2030. Et multiplie les initiatives depuis l’adoption, en 2021, d’une nouvelle « Raison d’être ». Après avoir lancé Empreintes, concours d’immeubles bas carbone, engagé la transformation de la dalle en parc de 5 hectares, lancé un plan vélo à l’échelle du quartier, l’établissement s’attaque aux tours déjà construites - 3,7 millions de m2 soit la plus grande concentration d’immeubles de grande hauteur et de sièges sociaux en Europe dont une part significative n’a jamais connu de rénovation. « Alors que plus d’un million de mètres carrés seront bientôt obsolètes, se préoccuper du bâti existant et de son devenir est fondamental pour atteindre nos objectifs », explique Georges Siffredi, président de Paris La Défense et du Département. La bonne nouvelle est que si les tours sont des gouffres à carbone, elles présentent de forts potentiels d’optimisation énergétique. La dernière édition du concours CUBE d’économies d’énergie organisé par Paris La Défense, avec une réduction de 18 % en moyenne sur un an, l’a prouvé. Les tours peuvent même devenir des supports de production d’énergie.
Encourager l'exemplarité
Une partie des dix propositions remises fin juin visent à faciliter la viabilité des opérations les plus vertueuses : référentiel commun pour le calcul d’empreinte carbone en amont des projets, facilitation de l’accès au marché des Green Bonds, qui financent la transition écologique, incitations fiscales à investir… « Il est aujourd’hui impensable qu’il puisse être plus avantageux de procéder à des démolitions/reconstructions qu’à des réhabilitations et à des rénovations. Les pouvoirs publics doivent tout mettre en œuvre pour encourager et stimuler les rénovations exemplaires, en facilitant le montage de ces opérations », souligne Georges Siffredi. D’autres mesures pourraient inciter les tours ainsi transformées à innover : facilitation juridique du changement d’usage des locaux, accès à des disponibilités foncières pour les opérations exemplaires, ouverture au public des pieds d’immeubles et des derniers étages pour éviter les tours « aveugles qui ne communiquent pas avec l’espace public.
Paris La Défense entend en effet faire des tours un levier pour aller vers une plus grande mixité d’usages, autre objectif stratégique - et sortir ainsi du mono-fonctionnalisme. Elles doivent « participer pleinement à l’ouverture du quartier vers les villes avoisinantes, en impulsant de nouveaux usages en leur sein, en créant des synergies avec les acteurs de l’enseignement supérieur, en mobilisant toutes les énergies, afin d’attirer de nouveaux publics et de rationaliser leur utilisation. » Ces propositions sont assorties d’une charte d’engagements réciproque entre l’aménageur et les acteurs du quartier pour, là encore, faciliter la transition environnementale. Le Département des Hauts-de-Seine figure parmi les premiers signataires.