Projet solidaire ou pas, il faut convaincre. Devant un parterre de porteurs de projets, Hafez Nefikha du cabinet KPMG, ose cette comparaison. « C’est comme quand vous voulez séduire un homme ou une femme, vous n’avez qu’une seule chance et le temps est compté ». Rires dans la salle. Et dérouler, la glace ainsi rompue, les étapes nécessaires à un « pitch » réussi : faire sa « proposition de valeur », énoncer sa problématique, présenter son marché, son équipe… Une leçon précédée d’un exposé sur les financements à impact – entendu comme retentissement social ou environnemental. L’organisateur de cette matinée n’est autre que le Département, mobilisé de longue date dans ce domaine « au croisement des solidarités et de l’attractivité, deux compétences exercées par notre collectivité », souligne Marie-Pierre Limoge, vice-présidente en charge de l’économie sociale et solidaire (ESS), de la formation et de l’alternance. A l’avenir la collectivité souhaite consolider et étendre son champ d’action. « Face aux nouveaux besoins, face aux crises nous devons innover pour trouver de nouvelles façons de développer les solidarités », poursuit l’élue. Le Département peut être l’échelon efficace pour identifier les besoins et les initiatives, structurer et animer le dialogue et nourrir notre stratégie partagée. »
Progr’E.S.S
Le mois de l’économie sociale et solidaire a donné l’occasion au Département de présenter sa nouvelle feuille de route en matière d’ESS - « intégrant les dispositifs existants et les nouvelles initiatives à fort impact ». Le soutien aux porteurs de projets en est la pierre angulaire avec le lancement d’un nouvel appel à projet, baptisé Progr’E.S.S dont la première édition ciblera les initiatives – produits, services, événements - répondant aux nécessités de la vie quotidienne. « À l’aune des crises successives et de fractures qui traversent notre société, c’est plus que jamais nécessaire », précise Marie-Pierre Limoge. Le financement à hauteur de 15 000 euros maximum, est ouvert aux structures associatives ou agrées entreprises solidaires et d’utilité sociale. Autre forme de soutien, indirect cette fois, la matinée de financements à impact, dont sort justement Mounira Juin. « J’avais besoin de connaître les attentes des investisseurs pour adapter mon projet, explique la neuilloise porteuse d’un projet d’upcycling solidaire (recyclage de vêtements NDLR). On m’a conseillé de mettre davantage en avant la dimension sociale puisque je compte embaucher des femmes en difficulté. » Elle enchaîné trois rendez-vous et repart avec des pistes de financement et une proposition d’incubation au sein de la Chambre de Métier et d’Artisanat. Cerise sur le gâteau, grâce à l’une de ces rencontres, la jeune femme en quête d’un associé, sera mise en relation avec un autre entrepreneur.
Deuxième axe d’intervention, l’accompagnement des porteurs de projets. Le Département tout en élaborant des parcours avec ses partenaires, en particulier les deux chambres consulaires (CCI et CMA), développe aussi ses propres outils - kit d’accompagnement, création d’un club Busin’E.S.S pour mettre en réseau structures d’insertion et entreprises. Enfin, désireuse de diffuser cette « nouvelle vision de l’économie et de l’humanité », la collectivité mise sur un observatoire de l’ESS « pour produire des données sur le sujet » et compte faire découvrir aux jeunes de 14 à 25 ans les opportunités offertes par ce secteur, riche de 17 300 associations, 129 coopératives, 108 fondations…qui génère 50 000 emplois sur le territoire. C’est le dernier des trois volets de cette nouvelle stratégie, la sensibilisation. « Le Département entend agir sur tous les leviers à sa disposition, annonce Marie-Pierre Limoge, parce que nous sommes la collectivité de proximité et du quotidien, au carrefour de très nombreux acteurs et partenaires, nous pouvons créer des synergies pour faire éclore les pépites de demain. »
Progr'ESS : candidatures ouvertes jusqu'au 6 février
Le dispositif départemental Progr'ESS vise à encourager les initiatives citoyennes, à créer du lien social entre les habitants et les acteurs locaux et à faciliter le développement d’initiatives locales sociales et solidaires. La première édition de cet appel à projet s'articule autour de la vie quotidienne. Ce programme dispose d’un budget total de 100 000 € et est ouvert aux structures associatives ou agrées ESUS (entreprises solidaires d’utilité sociale). Les projets sélectionnés pourront recevoir jusqu’à 15 000 € de subventions. Les projets doivent présenter une initiative innovante pouvant répondre aux besoins fondamentaux du quotidien, notamment pour les publics les plus fragiles. Postulez avant le 6 février.