Par trente-quatre mètres de fond, à la verticale du CNIT, les Hauts-de-Seine attendent Paris. Au point de jonction des invités, la rame venue de la capitale croise sa jumelle qui a stoppé en sens inverse, depuis Nanterre-la-Folie, terminus temporaire de la ligne. À la descente, les poignées de main des officiels viennent, mine de rien, abolir une nouvelle frontière. « Nous vivons enfin ce raccordement entre l’Est et l’Ouest, si importants pour les usagers d’Île-de-France », s'est réjoui Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF.
Après sept années d’un « chantier colossal », qui impliqua le percement d’un tunnel de 8 kilomètres dans un sous-sol en gruyère, le prolongement du RER E vers l’Ouest depuis la gare Haussmann-Saint-Lazare a franchi un grand pas, avec l’inauguration, vendredi 3 mai, de son extension jusqu’à Nanterre. « C’est une étape clef et un progrès majeur pour la mobilité des Franciliens, avec le désengorgement attendu du RER A mais aussi du RER B dans son tronçon central », a souligné Matthieu Chabanel, président de SNCF Réseau.
Un gain de temps précieux
Avec les Jeux de Paris en ligne de mire, sa mise en service commerciale débutera progressivement, d’abord en heures creuses, à raison de quatre trains par heure en semaine. Cette fréquence, dont l’amplitude sera renforcée les week-ends, s’élèvera à 16 trains par heure d’ici la fin d’année, moyennant la livraison par Alstom d’un nombre suffisant de rames de nouvelles générations (RER NG), gages de rapidité avec des pointes à 120 km/h et de ponctualité, puisqu’adaptées à la conduite semi-automatique entre Nanterre-la-Folie et Rosa-Parks. À terme, 40 minutes suffiront pour gagner La Défense depuis la gare rénovée de Mantes-la-Jolie.
« Eole, ce sont des gains de temps précieux, du temps de vie gagné, du temps avec sa famille, du temps pour soi... », a expliqué le premier ministre Gabriel Attal. Les bénéfices pour les Alto-Séquanais seront démultipliés par la forte interconnexion des deux gares traversant le territoire. « Cette extension va accroître encore un peu plus l’attractivité du premier quartier d’affaires européen, a souligné Georges Siffredi, le président du Département. Ce gain de temps pour les salariés, les habitants et les étudiants de Paris la Défense se verra renforcépar l’arrivée prochaine des lignes 15 et 18 du Grand Paris Express dans les Hauts-de-Seine. »
Une architecture soignée
En lisière de Nanterre-la-Folie, les travaux du métro 15 se poursuivent. « Le tunnel de liaison est déjà creusé, révèle Nicolas Post Avsky, adjoint au directeur des opérations à la SNCF. Le moment venu, nous n’aurons qu’à démolir la dalle pour ouvrir le passage. » Ralliée en deux minutes et dix secondes, la station voisine de La Défense Grande Arche offre au passager fraîchement débarqué un décorum de « cathédrale engloutie », avec son sol parqueté, ses colosses en béton armé et ses parements de miroir ondulés. Une esthétique qualitative, signée par l’agence d’architecture Jean-Marie Duthilleul.
« Ces volumes généreux permettent d’apporter du confort aux voyageurs, explique Aurélie Carnel, directrice de la gare. Il s’agissait de marquer cette prouesse technique en laissant le béton brut, montrant de quoi cette gare est faîte, le bois apportant sa chaleur et l’inox sa lumière. » Quotidiennement, plus de 70 000 voyageurs sont attendus sur ses 225 mètres de quais, interconnectés au T2, aux lignes L et U mais également au métro 1 et au RER A. « Ce projet a été retenu comme le plus grand projet ferroviaire du monde en 2023, souligne Jean-Pierre Farandou. Soyons fiers de cette excellence française. »