De tous les ouvrages de compétition olympiques, il restera le premier livré. Avec, en prime, quelques semaines d’avance grignottées sur le calendrier. Une prouesse rassurante, alors que se rapproche l’échéance. « Ces Jeux arrivent à grand pas, prévient Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation. À 129 jours de la cérémonie d’ouverture, cette inauguration apporte énormément de confiance. » Alors qu’elle va vivre une deuxième olympiade - un fait rare, sinon inédit - l’enceinte mythique des Jeux de 1924 accueillera les épreuves officielles de hockey sur gazon, une discipline au succès planétaire insoupçonné.
Pour les amateurs, rendez-vous du 27 juillet au 9 août prochain : un dernier jour, synonyme de finale pour les hockeyeuses à Yves-du-Manoir. « Ce sera la toute première participation de l’équipe de France féminine aux JO », se réjouit d'avance Isabelle Jouin, la présidente de la Fédération française de hockey. La FFH, qui fera de ce stade rénové son siège fédéral dès la fin de l’année 2024. « Il y a 22 mois, nous posions ensemble la première pierre d’un impressionnant chantier », rappelle le président du Département Georges Siffredi, soulignant la célérité d’une transformation de grande ampleur, menée à bien sous maîtrise d’ouvrage départementale.
Tourner une nouvelle page
Entamé dès 2021, le réveil du « bel endormi » de Colombes a poursuivi un double objectif : en refaire un haut lieu de l’excellence sportive, en l’ouvrant au plus grand nombre. Une ambition portée dans le respect de son passé glorieux et populaire. « Tel est le sens de la reconstruction que nous avons engagé, poursuit Georges Siffredi. Et nous avons mobilisé d’importants moyens, parce que nous croyons profondément au sport, en ses valeurs et ses vertus. »
Au total, plus de 90 M€ - soit 87 % de l’enveloppe globale – ont été investis par le seul Département, son propriétaire depuis 2002. « C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour Yves-du-Manoir, un lieu qui a beaucoup donné à la France, dit Michaël Delépine, historien du sport et auteur d’un ouvrage sur le Stade. Il est émouvant de revoir autant de monde, des jeunes mais aussi des personnalités majeures à Colombes. » Marchant dans leurs pas, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques y a vu « une magnifique réalisation ».
Un héritage majeur pour le territoire
« Dans ce lieu, dit Amélie Oudéa-Castéra, on trouve tout : un passé prestigieux et un stade sublime, ouvert vers l’avenir et au service des Alto-Séquanais. » Les jeunes et les associations sportives du territoire semblent déjà impatients de s’approprier pleinement la plaine de 18 hectares. À l’image des scolaires du département, mais aussi du Racing Club de France et son club résident, le Racing Club 92 Colombes.
« Nous avons bâti ce nouveau stade départemental avec la ferme volonté d’en faire un héritage pérenne pour notre territoire et ses habitants, explique Georges Siffredi. Avec son terrain olympique, ses quatre terrains de football et ses trois terrains de rugby, notre stade sera le pilier de notre maillage d’infrastructures sportives de qualité, mis à disposition pour les publics scolaires et universitaires, les associations et les clubs, et notamment plusieurs sections du Racing, afin que vive encore et toujours cette dimension populaire. »
Cet emblème du sport pour tous, à travers les Trophées sportifs du Département également, distillera en parallèle sa culture du haut niveau, grâce à la réunion de tout l’écosystème français du hockey. « La professionnalisation de notre sport, encore amateur, passe par les résultats mais aussi par ce genre d’infrastructures, insiste Timothée Clément, espoir des Jeux passé par le CAM 92, club des Hauts-de-Seine. Cet été, on espère passer les poules et les confrontations directes, où tout est possible. » Et pourquoi pas deux médailles olympiques…
Le nouveau visage d’une enceinte mythique
Cent ans après avoir été le principal site des Jeux olympiques de 1924, le Stade départemental Yves-du-Manoir sera à nouveau au cœur de l’attention cet été, accueillant cette fois la compétition olympique de hockey sur gazon. Jusqu’au début des années soixante-dix, Yves-du-Manoir a été, pour les amateurs de sport, le stade de référence, où avaient lieu tous les grands événements internationaux organisés en France. Du football – avec la finale de la Coupe du monde de 1938 – au rugby, en passant par l’athlétisme ou même la boxe, cette enceinte a vibré au gré des plus grands exploits sportifs. Alors qu'une nouvelle page de son histoire va s'écrire, une exposition invite le grand public à redécouvrir en images les temps forts d’un siècle de sport dans le Stade départemental Yves-du-Manoir. Jusqu'au 23 mars.