Enserrée par deux bras de Seine, elle s’annonce de loin tel un phare. Cette colonne de vingt-cinq mètres de haut pleine de méandres laisse admirer ses belles courbes, support à un propos symbolique : elle matérialise la chute inversée et suspendue d’une série de gouttes d’eau, façon d'aborder l’égalité de tous les êtres et de toutes les choses face au principe de gravité. Une œuvre du Japonais Kohei Nawa. « L’égalité est un but très difficile à atteindre, explique l’artiste qui a sa propre « sensibilité cosmique » sur cette notion républicaine. Il est presque impossible d’y parvenir sans prendre en compte l’harmonie de la planète entière. Le climat mondial change et malgré cet enjeu qui nous concerne tous, des conflits armés et des guerres continuent d’éclater. » Cette colonne d’Égalité fait aussi écho à la réplique de la statue de la Liberté de Bartholdi, posée à quelques encablures de là sur la Seine.
Renaissance culturelle
Si le premier avatar d’Éther a vu le jour au Japon dès 2013, il ne faisait que quelques mètres de haut et l’échelle est ici toute autre. « Cette fois la sculpture s’inscrit dans la ville et le développement d’un quartier, précise l’artiste. Je suis content du résultat, toutes les sensations sont décuplées. On perçoit la lumière, le vent, les sons… la sculpture est un médium qui nous fait ressentir toutes ces choses. » Ether (Égalité) dispose aussi de sa version en réalité augmentée à découvrir depuis un smartphone, l’artiste ayant répondu en 2019 avec la plateforme Danae.io à une commande du Département pour couronner cette extrémité sud de l’île. La statue a été pensée pour entrer en résonance avec le site – avec « ses polyèdres basés sur des dodéca-dômes » qui font écho au dôme de La Seine Musicale, conçu par Jean de Gastines et le Japonais Shigeru Ban. Son inox peint d’un rose délicat se marie avec le ciel tout en renvoyant au passé industriel, et en particulier automobile de l’île Seguin, désormais vouée à la Culture.
Sur cette partie aval, la pose de la statue a marqué la fin du geste initié par Patrick Devedjian, ancien président du Département, avec la création de La Seine Musicale en 2017 puis le lancement du concours d’art contemporain deux ans plus tard. « Cette sculpture n’est pas seulement une création artistique engagée, c’est aussi une pièce emblématique d’une vaste dynamique de réinvention du territoire par la Culture », souligne Georges Siffredi. Avec Éther (Egalité), la Seine Musicale devient davantage encore le centre de gravité de notre Vallée de la Culture, ce projet structurant qui nous invite à redécouvrir, grâce aux arts et à la culture, la boucle de Seine. » Venant compléter ce dessein, sur la partie amont doit bientôt voir le jour la fondation d’art contemporain Emerige. Les deux pointes seront reliées par une promenade ponctuée d’œuvres en plein air – d’ores et déjà le public peut admirer le Pouce de César et La Défense de Rodin – dont Éther (Égalite) sera l'une des terminaisons face au pont de Sèvres.
Éther (Égalité) en réalité augmentée
A cette sculpture physique s’ajoutera dès la rentrée l'installation numérique immersive conçue par l’agence Danae.io, en collaboration avec Kowei Nawa. En « flashant » Ether (Egalité) le visiteur accédera à un « jardin japonais » en réalité augmenté où fleuriront d’autres créations de l’artiste - gouttes d’eau, œuvre représentant un cerf, animal à la symbolique importante au Japon. Ce dispositif sera intégré à un parcours interactif comportant neuf points d’intérêt destinés à explorer la thématique de l’égalité par le prisme de l’art et présentant des figures de femmes musiciennes : Elfrida Andrée, l’une des premières femmes organistes, la pianiste et compositrice, Clara Schumann éclipsée par son célèbre époux, Antonia Brico l’une des premières femmes cheffe d’orchestre de renommée internationale, Marian Anderson, première chanteuse noire au sein du Metropolitan Opera de New-York… Pour cela il suffira de se laisser guider par l’application gratuite dédiée - qu’il ne sera pas nécessaire de télécharger pour plus de facilité d'usage.