« Notre établissement est une safe place Umay. Vous êtes ici en sécurité », renseigne une pancarte à l'entrée de l’hôtel du Département à Nanterre. Avec l’annexe de l’Arc, à Puteaux, ce site est le premier d’une série de dix safe place ou « lieux sûrs », mis à disposition des victimes par le Département de 9 heures à 18 h 30. Huit autres devraient suivre courant mars : pôles sociaux, sites sportifs, musée... « On l’oublie souvent mais le premier élément qui conditionne l’égalité entre les hommes et les femmes, c’est de se sentir en sécurité lors des trajets du quotidien et dans la rue », souligne Camille Bedin, conseillère déléguée à l’égalité hommes/femmes. Selon une enquête du Département, près de « 92 % des jeunes femmes adoptent au moins une stratégie d’évitement dans l’espace public pour ne pas être ennuyéeset ce chiffre est loin d’être propre aux Hauts-de-Seine, c’est un phénomène de société. »
Ce partenariat inédit avec un Département vient étoffer le réseau local des lieux sûrs.« Grace à la dynamique territoriale qui s’enclenche nous espérons être un jour présents dans l’ensemble des communes des Hauts-de-Seine pour mailler le territoire avec des safe place » explique François Morival, directeur général et cofondateur d’Umay.
Application gratuite
Lancée il y a cinq ans, cette application citoyenne gratuite s’appuie sur un réseau de 7 000 lieux sûrs, pour certains ouverts, 24/24 h (bars, restaurants, commerces, commissariats, institutions, villes…) dont 500 dans la Région et 80 dans les Hauts-de-Seine. « Tout est parti d’une expérience de notre fondatrice Pauline Vanderquand. Un vigile à l’entrée d'un bar a refusé de l’aider alors qu'elle était harcelée dans la rue. L’idée est née d’une cartographie de lieux où l’on soit accueilli par des gens bienveillants » poursuit François Morival. Autres fonctionnalités, le partage géolocalisé des trajets avec ses proches et la possibilité de signaler les violences, cartographiées en temps réel ce qui déclenche une assistance d’Umay et une aide en ligne. La « data » ainsi obtenue (sur le lieu et l’heure des signalements) permet en outre aux partenaires et notamment aux villes (Umay est déjà partenaire de Villeneuve-la-Garenne, Clichy et Puteaux) de mettre en place des réponses pérennes.
La méthode des trois R
Cent trente agents, en majeure partie des agents de sécurité, ont été formés à la méthode des trois R développée par Umay : recueillir, rassurer, renseigner les victimes. A l’hôtel du Département, les hôtesses d’accueil sont en première ligne. « Elles sont habituées à faire face à toutes sortes de situations avec les visiteurs et usagers, explique Cécile Ilial, responsable de la relation citoyen. Elles vont créer une connexion émotionnelle avec la victime pour s’assurer que tout va bien, évaluer ses besoins, dispenser des conseils et donner des pistes d’actions : contacter un proche, la police, faire un signalement. »
D’une durée d’un an, ce partenariat donnera de la visibilité à Umay auprès d’autres acteurs publics. « C’est pour l’instant à titre expérimental mais ce n’est qu’un début et nous espérons aller plus loin », conclut Camille Bedin.
Dix sites départementaux référencés courant mars
- L'hôtel du Département à Nanterre
- Le bâtiment départemental l’ARC à Puteaux
- Les pôles sociaux départementaux d'Antony, Asnières-sur-Seine, Nanterre, Gennevilliers et Boulogne-Billancourt
- Le parc nautique départemental de l'Île de Monsieur à Sèvres
- Le stade départemental Yves-du-Manoir à Colombes
- Le musée départemental Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt