Cette cérémonie aux Archives départementales, face à une assemblée de témoins et de familles de victimes, vient clôturer un travail de mémoire entrepris par la ville au lendemain du 20e anniversaire du drame, désormais mis à la disposition du public. « Je m’adresse à vous en tant que maire avec la responsabilité de faire vivre la mémoire du 27 mars 2002 mais également comme un témoin parmi d’autres de ce que nous avons vécu ensemble », a expliqué, très ému Patrick Jarry, alors conseiller municipal et blessé par le tireur. A 1 heure du matin en pleine réunion publique, un individu avait ouvert le feu sur l’assistance. Bilan : huit morts et dix-neuf blessés. A travers ce drame, au retentissement national, la démocratie a été meurtrie.
Le plus souvent les récits qui en ont été faits, explique le maire, « sont des articles presse et des reportages avec des témoignage à chaud, dans l’actualité du moment » tandis que l’enquête, qui aurait pu fournir au moins des documents judiciaires, a été écourtée par le suicide du tireur. Cette démarche qui entend combler un vide a été proposée à tous ceux ayant été au cœur de ce drame : anciens élus, agents municipaux, familles des victimes, soit 81 personnes, parmi lesquelles 47 ont accepté de répondre d’avril à août 2022 aux questions factuelles d’une historienne et d’une sociologue et de livrer leur vérité intime.
« Attaque contre la démocratie »
Les Archives départementales, choisies pour leur « accessibilité et l’importance de leurs missions à Nanterre et dans le Département » sont chargées de conserver le résultat de ce travail : des dizaines d’heures de témoignage sur le vécu des événements, le traumatisme, les questionnements, la reconstruction des victimes… fonds dont la ville reste propriétaire. « Comme des blessures, ces témoignages sont désormais des traces indélébiles, estime Georges Siffredi, président du Département. Leur conservation est le meilleur moyen de sensibiliser notre jeunesse au souvenir de cette attaque contre la démocratie, parce que les archives sont ce fonds commun qui se transmet de génération en génération. »
S’agissant d’un fonds aussi « récent », de moins de 50 ans et en vertu du code du patrimoine, une procédure particulière préservera la vie privée des témoins et la confidentialité de leur propos. « Le demandeur ne connaitra pas l’identité de la personne au préalable, seulement sa qualité d’élu, d’agent ou de proche de victime, et il faudra que chaque témoin donne son accord », précise Pierre Chancerel, directeur des Archives départementales. Ces témoignages, et leur retranscription écrite, devraient certainement intéresser les historiens, les chercheurs, les journalistes, les étudiants, les médecins et tous les citoyens. Dès à présent des demandes de consultations peuvent être déposées auprès des Archives.
Les demandes de consultation sont effectuées auprès des Archives départementales