La première assemblée départementale de l’année 2025 a offert, comme c’est de tradition une fois l’an, au préfet du département de dresser un état des lieux de l’activité des services de l’État. « S’il y a bien un combat que les Hauts-de-Seine doivent mener, c’est celui des idées reçues », a estimé Alexandre Brugère. La première d’entre elles pourrait être la réalité des finances du Département, réputé le plus riche de France et cependant victime d’un « effet de ciseaux » qui le place en tension budgétaire.
Nous vivons « une chute de recettes aggravée par une hausse de nos dépenses en matière de solidarité, ce qui est particulièrement vrai en ce qui concerne les allocations obligatoires », s’est inquiété Pierre-Christophe Baguet, vice-président aux finances et au budget, pointant la trop faible compensation par l’État du RSA et de la PCH. Vis-à-vis de l'APA, l'élu a ciblé la différence de traitement « sans commune mesure » avec les autres Départements. Sur ce dernier point, les Hauts-de-Seine ont « décidé d’attaquer devant le Conseil d’État pour faire valoir (leurs) droits ». Si le préfet a annoncé faire du handicap « une grande cause départementale » et reconnu « l’engagement exemplaire » du Département en la matière, l’État ne semble donc pas avoir pris la « pleine mesure du défi de l’autonomie », a jugé le premier vice-président.
Des polices municipales en expérimentation
Deux mois après la signature d’une convention sur l’insertion des bénéficiaires du RSA, le préfet a dit voir le conseil départemental comme « un partenaire absolument essentiel » dans ce combat contre le chômage, dont il « souligne le grand engagement », similaire à celui porté pour la transformation post-carbone du premier quartier d’affaires européen. « Le Département sera associé à l’avenir de La Défense, c’est une volonté du président de la République et du premier ministre », a-t-il été promis. Alors que les Hauts-de-Seine ne devraient pas être épargnés par le réchauffement climatique, l’initiative du Département consistant en la création d'une SEM-Énergie92 a également été saluée par le représentant de l’État.
À sa charge d’en accroître la portée, comme l’a souligné le président du Département Georges Siffredi : « Sur la géothermie, nous avons la compétence sur le forage mais pas sur la distribution. Il s’agirait d’élargir notre compétence sans en dépouiller les communes. » Le conseiller départemental Vincent Franchi a rappelé le rôle du Département qui, à leurs côtés, contribue à la sécurité des Alto-Séquanais. Depuis le début du mandat, en 2021, il a ainsi mobilisé plus de 6M€ pour soutenir le déploiement de la vidéoprotection. Le Préfet a par ailleurs confirmé l'engagement de l'État pour reconstruire le commissariat de Boulogne, auquel le Département participera à hauteur de 2 M€. Plus globalement, il a été proposé de « bâtir un contrat de confiance avec les élus locaux, en première ligne » contre la délinquance. Le département qui a vu naître les premières polices municipales devrait devenir un territoire d’expérimentation en la matière, afin de répondre à la volonté de certains maires alto-séquanais.
Un important travail commun à bâtir
« Si les villes se dotent de polices municipales, la sécurité relève des prérogatives de l’État. Cela ne doit pas avoir pour corolaire un désengagement de l’État dans nos villes », a alerté Vincent Franchi, qui a obtenu l’assurance qu’aucune fusion de commissariat « n’est d’actualité ». Sans donner d'horizon, le préfet s'est engagé à ce que « 50% au moins » des bénéficiaires d’un logement social possède un ancrage local à l’avenir. Ses compétences régaliennes ont d'autres incidences sur le service rendu aux usagers par le Département. Alors que la collectivité a porté à 2000 ses places d'hébergement pour accueillir au mieux les jeunes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), le système reste en forte tension.
« Les mineurs non accompagnés représentent un tiers des jeunes de l’ASE dans les Hauts-de-Seine, a souligné Ludovic Guilcher. Le Département doit se charger de la mise à l’abri de ces jeunes même lorsque leur minorité n’est pas avérée » ; la compétence de l’immigration relevant de l’État, qui « n’est aujourd’hui pas à la hauteur de sa mission », a reconnu le préfet. « Je suis en accord avec un État fort mais également solidaire, a expliqué Georges Siffredi en conclusion. Je reste persuadé, au-delà du régalien, que nous avons un travail commun important à bâtir dans ce département si contrasté.Si l'on veut travailler en partenariat avec l’État, et nous y sommes attachés, l’exigence sera celle de la transparence. »
Isabelle Caullery met fin à 50 années de vie politique
Élue conseillère générale en 2010, Isabelle Caullery a fait part de sa volonté de mettre un terme à son mandat à compter du 1erfévrier. Georges Siffredi a tenu à lui rendre hommage : « Isabelle Caullery a toujours été fidèle à ses convictions, au service des Alto-Séquanais et de notre département. Son parcours est un modèle de dévouement et de loyauté. » Attachée aux valeurs gaullistes, ancienne conseillère régionale puis députée européenne, l’élue, au sens du dialogue reconnu, avait exercé les fonctions de présidente du groupe de la majorité départementale jusqu’en 2012, avant d’embrasser la délégation du personnel. Préparant un départ « en douceur », cette proche de Charles Pasqua, ancien président du conseil général, était redevenue simple conseillère départementale. Elle a confié « partir avec beaucoup de regrets » mais avec la satisfaction d’avoir pu « défendre ses idées tout au long de son parcours politique » entamé dès 1975, au gré d’un « mandat et de délégations riches et particulièrement intéressantes. »