Pas de collège, pas de salle de classe, pas de profs, pas de cantine, pas de sonnerie. Et pourtant, des cours et des devoirs. Chez Capucine, à Bois-Colombes, ce mardi matin est réservé à la science avec tout d’abord la physique-chimie et un exercice un peu particulier : sous l’œil curieux de ses frères et sœurs, l’élève de sixième au collège Jean-Mermoz se lance dans une expérience sur la flottaison. Pas besoin de bécher ou de tube à essai, de simples objets de la vie quotidienne suffiront. S’ensuit un exercice de SVT sur l’équilibre alimentaire du petit déjeuner. « Du coup, tout le monde en profite ! », lance sa mère Sophie qui, pendant le confinement, s’improvise à la fois professeur et institutrice pour ses quatre enfants. Depuis la fermeture des établissements scolaires, elle et sa fille ont mis un point d’honneur à conserver un rythme proche de celui du collège. « On se lève à une heure précise, on a cours pendant une partie de la journée puis on arrête », résume Capucine. Mais le contenu des cours, lui, a dû s’adapter.
Chaque jour, direction la plateforme oZe - mise en place par le Département - afin de trouver les devoirs du jour mis à disposition par les professeurs. « C’est la différence avec le rythme du collège : là on fait les devoirs dans le désordre, quand on voit un exercice disponible, on le prend », constate Capucine. Si la mère de famille se connectait avant « presque tous les jours » pour consulter les devoirs à faire ou suivre les évaluations, avec le Coronavirus, le rythme est devenu un poil plus frénétique. « Depuis le début du confinement, l’établissement a mis en place des espaces partagés virtuels réservés à la classe avec les devoirs et les leçons », explique Sophie. Des documents principalement écrits qui s’accompagnent d’autres ressources comme des liens vers des vidéos, des diaporamas ou d’autres plateformes pour les langues ou l’histoire. « Globalement, on avance quand même, remarque Sophie. Elle est aussi très contente car elle étudie sur l’ordinateur. Pour sa rédaction, elle a dû chercher des images sur internet et en allemand, elle devait s’enregistrer avec un dictaphone puis envoyer le son à sa professeur. Ce n’est pas une manière habituelle de travailler mais elle est motivée et les cours mis en place sont assez ludiques. »
Quizz et vidéos
De l’autre côté de la plateforme, les professeurs, qui alimentent oZe. Au collège Voltaire à Asnières, Clémentine met la dernière main au quizz sur les multiplications qu’elle mettra ensuite à disposition de ses élèves. Depuis la rentrée, elle enseigne les maths et le français à des collégiens en Ulis (Unités localisées pour l'inclusion scolaire) en situation de handicap. Comme ses collègues, elle a dû ajuster l’organisation et la teneur de ses cours à cause du Coronavirus. « Pendant cette période, je fais par exemple beaucoup de quizz grâce au logiciel intégré. Je leur mets aussi à disposition des fichiers Word avec les consignes et les devoirs à faire. » Même si les contacts sont restreints pendant cette période, oZe lui sert à garder le lien avec sa classe. « C’est une plateforme où on peut interagir avec les élèves avec des espaces collaboratifs assez simples d’utilisation ou le cahier de texte interactif pour mettre en ligne les devoirs que les élèves peuvent ensuite consulter. »
A Levallois, Isabelle Letellier se sert également des espaces collaboratifs et donne des rendez-vous fréquents pour discuter en temps réel avec ses classes de 5e et 3e. En moyenne, ils attirent entre quinze et vingt élèves. « L’avantage est qu’ils peuvent faire leurs commentaires, poser leurs questions et je peux leur répondre instantanément. » Cette professeur de français à Louis-Blériot a également fait appel à de nouvelles ressources. « Je reste sur mes cours habituels en incorporant petit à petit de nouvelles choses. Nous travaillons en ce moment sur le Moyen-Âge donc j’ai mis par exemple un lien vers le musée de Cluny ou j’enregistre des consignes en audio pour que ce soit plus ludique. » Un seul objectif : faire cours, être toujours présent, malgré la distance. « Être juste face à un ordi et parfois parler à cinq ou six élèves, c’est vrai que c’est frustrant, confesse-t-elle. Le métier d’enseignant est un métier de contact mais je suis contente de faire cours quand même et j’ai foncé sur le côté interactif qu’offre l’ENT ! »
A Bagneux, au collège Henri-Barbusse, Gwenola Moreau enseigne les maths à des élèves de sixième et cinquième. « Je garde mon programme en adaptant les modalités, résume-t-elle. Certaines vidéos sur Youtube sont très bien faites donc je donne le lien ou bien même des vidéos avec ma voix en train d’expliquer l’exercice. » Si elle se sert de l’ENT, la professeur a mis en place d’autres moyens de communication comme son adresse mail académique et même un compte Skype sur lequel les élèves peuvent l’appeler pour lui poser une question.
Bande passante doublée
La continuité pédagogique a donc pu être assurée grâce aux efforts conjugués du Département et des services de l’Education nationale. La bande passante a été doublée pour gérer l’engorgement et ce flux exceptionnel de connexions et la communication entre Académie, principaux et familles renforcée. Les parents et élèves jamais connectés à l’Environnement numérique de travail (ENT) ont été accompagnés dans la découverte de l’outil et un « livre blanc » des bonnes pratiques a été envoyé aux collèges pour rappel ainsi que des fiches pour une bonne prise en main de oZe. Des ordinateurs recyclés ou habituellement dans les collèges ont été mis à disposition des collégiens non équipés chez eux.
Les élèves bénéficient de ressources pédagogiques complémentaires comme l'outil de soutien scolaire Enseigno qui donne accès à des contenus dans toutes les disciplines et pour tous les niveaux et la plateforme Playbac qui propose des journaux adaptés aux collégiens en français et en langues étrangères. Soit autant d’outils pour continuer à étudier sereinement.