Après la Tosca en 2019, place pour cette nouvelle édition de l’Opéra en Plein Air à Madame Butterfly, du même Giacomo Puccini. Pour composer ce sixième opéra, qui serait aussi son préféré, le maître s’est inspiré de l’histoire déchirante d’une geisha mariée à un officier américain puis abandonnée avec leur bébé quand il décide de retourner au pays… Mal accueilli au départ à la Scala de Milan, cet opéra mélancolique figure aujourd’hui parmi les œuvres les plus importantes du répertoire lyrique. Depuis vingt éditions maintenant, la recette de l’Opéra en Plein Air n’a pas changé : « L’idée est de partager avec le grand public des chefs d’œuvre de l’art lyrique tout en faisant découvrir un lieu exceptionnel », résume le directeur du festival Gilbert Désveaux, qui a choisi pour parrain de cette édition l’historien Franck Ferrand, connu pour ses émissions grand public « Secrets d’Histoire » ou « Au cœur de l’Histoire ». « Au XIXe siècle l’opéra était le signe de ralliement de la bourgeoisie au pouvoir et il n’est jamais vraiment sorti de cette ornière. C’est d’autant plus regrettable qu’il est par essence un art populaire, un art total qui touche tous les sens », défend ce fidèle de la manifestation.
Fable sur la mondialisation
Après Sceaux ces 12 et 13 juin, la tournée et sa distribution internationale – avec toujours Anne Gravoin en premier violon, et, dans le rôle titre, la soprano Serenad Burcu Uyar, considérée comme l’une des meilleures de sa génération - fera étape dans quatre autres sites dont Saint-Germain-en-Laye, les 3 et 4 juillet et les Invalides les 2, 3, 4 et 5 septembre. Le Domaine départemental de Sceaux accueille aussi la phase de création du spectacle, sous la direction d’Olivier Désbordes, directeur d’Opéra Eclaté et fondateur du festival d’opéra en plein air de Saint-Céré. « À mesure que Madame Butterfly, éblouie par le mirage occidental, est abandonnée, sa maison s’écroule. Pour ce spectacle écrit après la catastrophe de Fukushima, je me suis inspiré de photos de maisons traditionnelles qui avaient résisté au raz-de-marée pour réaliser une sorte de fable sur la civilisation japonaise résistant à la mondialisation », explique-t-il.
Avec l’opération « Mille jeunes à l’opéra », dont le Département est partenaire, l’ambition de cette édition anniversaire est aussi de permettre à davantage d’enfants de se frotter à l'art lyrique par le biais d'ateliers pédagogiques, artistiques et de découverte des métiers de l'opéra. Tous assisteront aussi aux représentations. Manière pour ce festival, devenu une institution attirant chaque année entre 25 000 et 30 000 personnes, de former les spectateurs de demain.