Elle est à l’heure. Peut-être n’ose-t-elle encore se faire désirer. Avec entrain, elle s’avance jusqu’au bout de la scène, au plus près d’une foule encore éparse. Son nom : Zaho de Sagazan. La jeune chanteuse originaire de Saint-Nazaire, au style très berlinois avec sa coupe mulet et son vestiaire grunge, empoigne alors le micro et donne le « la » à son premier Rock en Seine.
Aucune tension n’émane d’elle. « J’espère que ma musique vous plaît, sinon, tant pis ce n’est pas grave », lance-t-elle sans pression aux spectateurs, après deux morceaux d’introduction. Le public s’est, entre temps, massé au pied du podium, sorte de dolmen géant posé au milieu d’une pelouse grillée par le soleil. Rock en Seine est une transhumance. Les festivaliers vont et viennent entre les quatre scènes de cette grande kermesse du rock, attirés par l’écho des guitares et des grosses caisses en branle.
Le festival, qui s’est emparé du Domaine national de Saint-Cloud du 25 au 28 août derniers, en est alors au deuxième jour de sa programmation. D’une mélancolie fiévreuse, Zaho enchaîne les titres trois quarts d’heure durant. Une performance pour la jeune artiste, Prix Chorus 2022 et désignée « Coup de cœur Rock en Seine » par les équipes du festival. « Je n’ai que deux morceaux à mon actif, alors j’ai dû jouer beaucoup d’inédits, confie-t-elle après le concert, une boisson énergisante à portée de main pour retrouver la forme. Je devrais sortir mon premier album début 2023 ».
Jurée de Première scène
Son univers musical, relativement universel, traite d’amour, de voyage, de cigarette… Ses morceaux, plutôt courts, lui accordent d’indispensables temps de respiration sur scène, l’occasion pour elle de communiquer toute sa ferveur. « C’est une bête de scène ! Elle est seule avec son batteur et réussit néanmoins à emporter tout le monde, s’enthousiasme Jeanne Bécart, vice-présidente du Département chargée de la Culture, comblée par la prestation de cette jeune pousse de la musique actuelle. Je suis fière que le Département sache détecter ces pépites, en leur permettant d’éclore et de se développer. C’est aussi pour cela que nous investissons dans un partenariat avec Rock en Seine ».
À travers le concours national de Jazz de La Défense, le plan d’accompagnement à la professionnalisation (PAPA) et le Prix Chorus, qui offre au gagnant sa place à Rock en Seine, le Département soutient l’émergence de nouveaux artistes du spectacle vivant. « Obtenir le Prix Chorus m’a procuré un immense plaisir, souligne Zaho de Sagazan. Ce n’était pas joué, parce que j’étais en compétition avec d’autres artistes que j’ai trouvés formidables. C’est toujours agréable de voir son travail valorisé et mine de rien, cela m’a permis d’être invitée à ce festival ! ».
L’occasion de se créer un début de notoriété, après son passage en juillet aux Francofolies de La Rochelle, mais aussi de juger – déjà – la génération future. « J’ai été membre du jury de Première Seine, le concours de lycéens amateurs de musique, explique Zaho. C’était génial, ils étaient tous très attachants ». Prochaine étape de son périple, Les Vendanges Musicales, le 17 septembre prochain.
Rock en Seine, depuis les coulisses
Engagé pour une culture accessible au plus grand nombre, le Département a invité huit bénéficiaires de la Veille Active Jeunes durant le festival. Ce public, dit « éloigné de la culture », a bénéficié d’un moment d’échanges avec des représentants du secteur musical. Leur après-midi s’est achevée par une visite des coulisses du concert de Johnny Beth, sur la scène Cascade, leur permettant de découvrir les différentes facettes du métier de régisseur.