Issus de familles en difficulté, les jeunes accompagnés par la protection de l’enfance souffrent le plus souvent d’une absence d’investissement de leur entourage sur leur parcours scolaire et, par ricochet professionnel, et encourent en quelque sorte une double peine. C’est ce constat, ayant présidé à la réflexion menée par le Département et le professeur pédopsychiatre Marcel Rufo, qui débouche à Nanterre sur une solution concrète.
Depuis septembre, dix-huit de ces jeunes bénéficient d’un accompagnement pluridisciplinaire destiné à leur donner la possibilité d’une réussite équivalente à celle des autres enfants. Parmi eux, huit internes et dix externes, suivis en soirée, les mercredis et les week-ends. « Alors même qu’ils affichent des résultats scolaires prometteurs, trop de jeunes placés se retrouvent sans perspectives. La raison d’être de ce projet est de les aider à construire leur avenir, en leur donnant la chance de s’émanciper par le travail et la vie professionnelle », explique Marcel Rufo, qui rappelle que ces jeunes sont trois fois plus nombreux à quitter l’école avant 16 ans. Les profils admis dans le nouvel établissement ont été sélectionnés par la direction, confiée au groupe SOS Jeunesse, sur la suggestion des professionnels de l’Aide sociale à l’enfance et sur la base des performances scolaires, de l’investissement personnel et de l’avancement du projet professionnel.
Cocon familial
Le Département a tenu à aménager cette maison, implantée dans un quartier résidentiel, sur le modèle d’un foyer familial pour recréer le cocon dont ces enfants ont longtemps été privés et leur offrir des repères stables. À l’accompagnement socio-éducatif classique s’ajoute ici du soutien scolaire quotidien et du tutorat - prévu sous peu avec des étudiants. « Nous espérons amorcer un processus d’identification vis-à-vis de ces jeunes adultes, afin que les métiers intellectuels soient à l’avenir envisagés au même titre que les filières manuelles selon leurs goûts et leurs centres d’intérêt », poursuit Marcel Rufo. Favorisées par l’implantation du pavillon, au cœur de Nanterre, seront aussi prévues des activités sportives, culturelles à l’extérieur ou sur le site même du pavillon, doté d’un jardin et d’une annexe.
Loin d’être un « établissement élitiste », cette Maison vient étoffer le nombre de places proposées par le Département, enjeu majeur de sa stratégie de protection de l’enfance, mais aussi enrichir l’offre d’accompagnement. « Notre responsabilité est d’assurer la protection des enfants qui nous sont confiés, et de les accompagner vers une vie d’adulte personnellement, socialement et professionnellement stable et épanouie, rappelle Georges Siffredi. Il s’agitde porter pour ces jeunes un projet exemplaire, qui pourrait servir de modèle pour d’autres départements, tous confrontés aux mêmes problématiques. »
Une ouverture du site principal à la rentrée 2026
Sur le site principal de la Maison de l’Avenir, rue des Goulvents à Nanterre, les travaux débuteront en 2025 pour une livraison à la rentrée 2026. Visibles de la rue, les trois pavillons bardés de bois du futur centre d’hébergement (signés Tolila + Gilliland) tiendront lieu de manifeste architectural, accueillants et chaleureux à l’image du projet. Érigé à l’emplacement d’un ancien foyer de l’enfance, ce bâtiment neuf, exemplaire sur le plan départemental recourt à des matériaux biosourcés et géosourcés (bois, briques de terre crue) ainsi qu’aux énergies renouvelables (puits canadiens, pompes à chaleur, infiltration des eaux de pluie). Il coexistera avec un pavillon et une rotonde en brique, datés de 1910, restaurés et voués aux activités thérapeutiques. Les deux sites, rue du Midi et rue des Goulvents, distants de quelques centaines de mètres et fonctionnant en réseau, accueilleront à terme 69 adolescents, dont 29 internes et 40 externes.