La cueillette a tout juste commencé au bord de la mare, dans un foisonnement de verdure où se glissent quelques plumes d’oies et de canards. Comme les feuilles et les brindilles, les dernières fleurs et les premiers fruits, ces trésors rejoignent les seaux remis aux jeunes participants. A son climax en cette fin juillet, la végétation offre tout le nécessaire à la tâche qui les attend : composer un tableau à leur fantaisie avec ce que leur offrira la nature. Encore très paisibles, les lieux, qui n’ouvriront que dans l’après-midi, leur appartiennent pour plus d’une heure sous réserve de prélever avec mesure et d’épargner les plantes potagères ou les individus les plus rares, tel ce flamboyant tournesol. « On avait planté plusieurs graines mais les pigeons sont passés par là. Alors on va le laisser tranquille ! », leur demande Lina-Marie Sanchez, l’agent de médiation de la ferme. Ne pas hésiter, en revanche, devant la consoude aux larges feuilles ou les fleurs d’artichauts, boules violettes et hérissées rappelant, en plus gros, celles des chardons. « Allez-y, elles ne piquent pas », rassure l'intervenante.
Soleil « mirabelle »
De la mare aux enclos en passant par les abords du potager, la déambulation se fait lentement, au hasard des trouvailles. Les parents jouent si besoin du sécateur tandis que Lina-Marie et Pier-Mattia, stagiaire à la ferme pour l’été, délivrent leurs astuces : « Regardez toutes ces petites branches, elles peuvent vous servir à faire les pattes d’un animal ou à encadrer votre œuvre ». Les trois enfants de Sonia courent avec entrain d’un bosquet à l’autre avec leur seau. « On n’a pas forcément idée de s’inspirer éléments de la nature pour créer des tableaux, apprécie cette Toulousaine, en visite chez ses parents à Saint-Denis. Cet atelier lève cette barrière. » Tout à la fois artistique et naturaliste il amène à s’interroger sur le nom des plantes ou simplement à apprécier la crénelure d’une feuille, la douceur d’une surface, la couleur d’une fleur ou d’un fruit, la forme d’une pierre, sollicitant les sens et l’imagination des enfants. « Cette activité leur permet de s’approprier différemment la ferme, un lieu avec des animaux, certes, mais qui a aussi une végétation très riche, explique Lina-Marie Sanchez. En se promenant et en posant les yeux au sol, ils essaient déjà de se projeter dans une œuvre et développent leur créativité. »
La rencontre avec les animaux est toutefois inévitable. Les chèvres, en particulier, se manifestent avec véhémence au passage de cette délégation et obtiennent, à défaut de nourriture, quelques caresses. Rouqayya, dix ans, qui dit les aimer, a déjà collecté de quoi portraiturer l’une d’entre elles : paille pour la robe, brindilles pour les pattes, petites pierres pour les sabots, feuille pour la queue, bâtons en guise de cornes, fin duvet d’oiseau jouant la barbichette. Sa cadette Roumayssa, huit ans, a prévu une chenille tandis le petit Abdallah voit dans cette collecte l’occasion de concrétiser enfin la « Lamborghini » de de ses rêves. « Regarde cette mirabelle, lui signale Sonia, tu peux en chercher trois autres pour faire les roues. » Cette animation s’inscrit dans un nouveau cycle d’ateliers dévolus aux familles pendant les vacances scolaires. « Le lieu est déjà gratuit et en accès libre, rappelle la directrice technique de la ferme, Juliette Pouradier. Mais en plus de cela, nous souhaitons développer les activités pour transmettre des savoirs sur l’agrosystème et l’environnement, d’autant que la majorité des gens des alentours n’ont pas de jardin chez eux. »
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À l’ombre d’un noyer, Timothé, huit ans et Amandine, six, sont absorbés dans la composition de leurs tableaux respectifs. Alors que les uns ont opté pour des animaux, cette fratrie a la fibre du paysage. Dans la partie inférieure de son cadre, la fillette a dressé différentes essences d’arbres, planté du gazon, semé de petites pierres et champignons ; des pétales de fleurs colorent son ciel où flottent des nuages feuille de chêne dominés par un soleil mirabelle. Une figure féminine, comme l’indique sa queue de cheval – une hélice d’érable - habite cette propriété miniature où leur maman, Émilie, se verrait bien vivre pour de vrai. « Quand est en ville et en appartement, ces animations en extérieur donnent une sensation de liberté », apprécie-t-elle. Avant de repartir, Thimothé non sans avoir glissé dans sa poche une « toupie » végétale, fixe uns à uns ses nuages faits de plumes avec du gravier. Si les éléments et les oiseaux se chargeront malgré ces précautions de défaire ces œuvres éphémères, la découverte de la beauté et de la diversité de la nature, elle, perdurera.
Les rendez-vous à ne pas manquer cet été
Le public, sur réservation préalable, a rendez-vous à 10 heures devant l’entrée de la ferme pour profiter de quatre rendez-vous gratuits jusqu’au 23 août d’une durée d’1 h 30 : « quiz de la ferme » le vendredi 4 août en compagnie des fermiers et des maraichers, rénovation d’hôtels à insectes le mercredi 9 août, atelier « dans la peau d’un fermier » le 18 août, pour s’initier au travail des soigneurs et, enfin, découverte des abeilles le mercredi 23 août accompagnée d’une dégustation de miel selon la récolte. Les mercredis, à 13 h 30, des visites improvisées et gratuites sont proposées par l’agent de médiation : visite dans le parc, nourrissage des animaux, promenade à la longe dans les allées du parc avec l’âne et le veau, etc. Rendez-vous le jour même à la grille où le programme est affiché quelques heures avant. Enfin les mercredis après-midi de 14 h à 16 h le maraicher fait découvrir son potager cultivé selon des méthodes respectueuses de l’environnement. Les légumes et fruits de saison sont distribués à la fin de la visite. Réservations pour les ateliers famille : fermedeschanteraines-reservations@hauts-de-seine.fr
Une offre d’animations à l’année pour tous les publics
En plus de ces ateliers pour les familles, une nouveauté 2023, la ferme accueille toute l’année les groupes pour des activités autour du potager, des animaux ou des ateliers créatifs : scolaires, centre de loisirs, personnes en situation de handicap. Elle accueille ponctuellement des jeunes en difficulté avec leurs éducateurs pour des activités de réinsertion sociale et découverte des métiers et prévoit de développer des activités pour les seniors à partir de cet automne. L’année à la ferme est aussi rythmée par des rendez-vous comme la tonte des moutons, désormais conduits par un berger, ou depuis peu la fabrication du pain.