Signant la reprise des adoptions après une pause de trois semaines, cette ouverture est l’épilogue d’une interminable attente. Président de la SPA depuis 2018, le général Jacques-Charles Fombonne, peut maintenant en rire. « Ceux qui ont ouvert le dossier il y a vingt-cinq ans doivent être morts de vieillesse. » Des questions de gouvernance internes à la SPA et la complexité de l’opération ont d’abord retardé la conception. Quant au chantier lancé il y a trois ans, entre crise du BTP et inflation galopante, il aura connu maintes péripéties.
Emblématique pour l’association, Grammont était vétuste et inadapté aux exigences actuelles en matière de bien-être animal. En s’installant aux Louvresses, un kilomètre et demi plus au nord, la SPA libère son terrain pour le projet urbanistique de la ville - 1500 logements face au parc des Chanteraines - en conservant son ancrage près de Paris. « Nous avions un lien particulier avec Gennevilliers, explique Jacques Charles-Fombonne, d’abord parce que c’est notre premier refuge, créé en 1903, ensuite parce que c’est le plus actif, avec 3500 adoptions l’an dernier, enfin parce que c’est notre seul site en petite couronne où l’on tenait vraiment à rester. »
Bien être animal
Anciennement exploité par Gaz de France, proche d’une zone ferroviaire ciblée pendant la Seconde guerre mondiale et inondable, la terre promise présentait des contraintes avec lesquelles le projet a su jouer. Le refuge et la fourrière attenante reposent ainsi sur des pilotis, ménageant des vues sur les enclos de détente en contrebas. « Nous avons prévu une infiltration de l’eau à la parcelle et des noues qui permettront de mieux gérer des épisodes de pluies intenses, explique l’architectePascal Maréchaux. Les toitures végétalisées absorbent également une partie des précipitations et participent au confort thermique. » Pour satisfaire aux exigences d’accessibilité les circulations sont facilitées par des passerelles qui donnent aux bâtiments l’allure de petites arches de Noé.
Si la superficie a plus que doublé, de 0,7 hectares à 1,7 hectare, la capacité est moindre pour plus de confort. Jusqu’à cent vingt chiens, 195 chats et 20 nouveaux animaux de compagnie (rats, cochons d’Inde, lapins…) sont accueillis, en espaces individuels ou partagés, exposés « est/ouest » pour la luminosité. Les chats peuvent vivre en communauté d’une douzaine de greffiers et les chiens côtoyer un compagnon. « À Grammont c’était impossible car les boxes était petits, bas et sombres, remarque la chef d’équipe Julie Rojo. Cela répond à leur besoin de se sociabiliser et favorise les adoptions car les animaux sont moins stressés. » Quant à la sortie quotidienne, elle a lieu dans l’un des vingt parcs de détente ou à l’extérieur, en direction du parc des Chanteraines, de l’Île Saint-Denis ou des bords de Seine.
L'éducation pour tous
Dès l’emménagement il y a quinze jours, le calme régnant aux abords des chenils a impressionné tout le monde. « Il n’y a pas photo avec l’ancien refuge, c’est plus apaisé. La première fois que je suis allée voir les chiens, certains dormaient en journée dans leur panier, je n’avais jamais vu cela ! » sourit la chef d’équipe. Les professionnels attendent désormais de voir l’effet de ces installations sur la courbe des adoptions.
Le site est également unique en son genre par le fait d’avoir été pensé comme un lieu ouvert sur la cité, favorisant les interactions homme-animal. « Ce ne sera pas seulement un refuge annonce Jacques-Charles Fombonne. Nous voulons aussi accueillir ici des associations de personnes âgées, des personnes en situation de handicap ou des scolaires qui grâce à notre club Jeunes deviendront des défenseurs du bien-être animal. Nous voulons être un endroit où le grand public pourra venir se promener, pique-niquer… » Au centre de l’espace, l’amphithéâtre de cent places rend presque tangible les futures conférences et démonstrations d’éducation canine. Un parcours pédagogique ainsi qu’une structure pour les animaux de ferme en détresse doivent être créés dans les prochains mois.
Les partenaires publics dont le Département à travers le fonds de solidarité et d’investissement interdépartemental (Fs2I) pour près de 2 millions d’euros ont financé pour moitié ce projet d’intérêt général d’un montant de 16,2 millions d’euros.