Le parc départemental André-Malraux, un espace de verdure du Département des Hauts-de-Seine situé au pied de La Défense.

À Clamart, une passerelle entre l’âge et le handicap

Solidarité

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Les temps d’activités créatives sont un rituel quotidien pour ces résidents d’un nouveau genre, habitués à la vie en institution. CD92/WILLY LABRE
Dans le cadre d’une expérimentation départementale, l’EHPAD Sainte-Émilie de Clamart accueille des personnes âgées de plus de 55 ans en situation de handicap.

En ce début d’après-midi, l’heure est aux activités créatives pour les résidents. Les doigts couverts de colle, Carmen termine un cadre en forme de cœur. « Je suis bien ici, j’ai une copine qui n’habite pas loin », sourit la quinquagénaire. Comme les onze autres résidents, elle a son set de table personnalisé et sa place attitrée dans la salle commune de l’unité PHV – personnes handicapées vieillissantes. « Ils tiennent à leurs habitudes, c’est une façon de leur donner des repères », explique Marie Collin, cadre de santé de l’EPHAD. Autre rituel, celui du gouter, ou encore celui de la promenade dans le parc, bras-dessus bras-dessous.

Vieillissement précoce

Un seul de ces douze résidents a plus de soixante-deux ans. Les nouveaux venus sont donc les « petits jeunes » de la maison de retraite. « Chez les personnes en situation de handicap, le vieillissement intervient plus tôt. Or la population de nos foyers vieillit », explique Sylvie Buchot, chargée du pilotage des établissements au pôle Solidarités du Département. Dans les foyers de vie altoséquanais, près de deux-tiers des résidents ont ainsi plus de cinquante ans, période qui coïncide souvent avec leur sortie des structures d’aide par le travail. « On voit bien qu’ils ont encore une grande vivacité mais à cause de leur handicap, ils ne seront pas en capacité de bien-vieillir sans accompagnement adapté », observe Emmanuelle Candas, médecin gériatre au pôle Solidarités. D’où l’âge de cinquante-cinq ans fixé pour intégrer cette unité expérimentale « qui crée des passerelles entre le monde de la vieillesse et celui du handicap », poursuit Sylvie Buchot.

Animations variées

L’unité « verte », l’une des dix de l’établissement, a été réservée à ce nouveau public, dont la situation centrale facilitera les croisements avec le reste de l’EHPAD.  Bien en amont de l’arrivée des premiers résidents, en novembre dernier, le projet avait été construit avec les structures d’origine, en particulier les Papillons blancs de la Colline à Saint-Cloud. Les équipes soignantes se sont ainsi rendues en foyers de vie. « Il fallait qu’ils se forment théoriquement mais aussi qu’ils aillent sur le terrain pour comprendre les spécificités de ce public. Ces résidents n’arrivent pas du domicile mais sont institutionnalisés depuis leur plus jeune âge », souligne Nathalie Loutzky, directrice de l’ehpad. « Il y a une façon différente d’appréhender le soin, il ne faut pas les bousculer », juge Marie Collin. La journée, le groupe est encadré par Lucile Bod, éducatrice spécialisée : « Nous faisons des activitésqui entretiennent leur concentration, leur motricité fine, leur relation à l’autre. Ils peuvent aussi participer aux animations de l’ehpad. », explique cette dernière.Cette prestation est financée par le Département en plus du forfait dépendance et de l’hébergement.

Se sentir chez soi

Étagère remplie de bibelots dans une chambre, coloriages dans une autre, photographies… chacun s’est installé avec ses petits trésors et ses meubles. « Ils avaient vécu des décennies au même endroit, il fallait qu’il se sentent ici chez eux », note Sylvie Buchot. Seul un le lit médicalisé marque le changement d’environnement. Le fait que les résidents, issus de trois foyers différents, aient retrouvé des têtes connues a aussi permis une adaptation rapide. Quant aux personnels soignants de l’unité PHV, tous sont volontaires. « Cette prise en charge spécialisée donne du sens à leur pratique », constate Nathalie Loutzky. « Le contexte sanitaire fait que nous ne sommes pas à 100 % en termes d’ouverture sur l’extérieur et de moments partagés avec les foyers d’origine, explique Marie Collin. Mais ils s’appellent beaucoup en visio ! » Dans cinq ans, cette expérimentation sera évaluée et éventuellement reconduite. D’ici là, deux nouvelles unités doivent ouvrir. Car la demande des familles est forte : à Sainte-Émilie, quarante-deux candidatures avaient été initialement reçues pour douze places.

En vidéo : Une unité expérimentale pour accueillir les personnes handicapées vieillissantes

Le Département ouvre vingt-quatre nouvelles places

Le Département lance avec l’Agence régionale de santé un appel à candidature pour la création de deux nouvelles unités d’accueil en EHPAD pour les personnes handicapées vieillissantes de plus de 55 ans. Les ehpad ont jusqu’au 1er juin pour déposer leur candidature. À terme, dans le département, trente-six personnes handicapées vieillissantes seraient donc accueillies.