C’est le « projet de la décennie » pour la septième plus petite ville des Hauts-de-Seine, Bourg-la-Reine, 20 000 habitants. Sur l'ancien lieu-dit de la Faïencerie, rue Jean-Roger Thorelle, l’ossature en bois du nouveau gymnase ne passe pas inaperçue. Tout aussi spectaculaire est la rapidité de montage, derrière les palissades, des premiers étages des salles de classe. Dans un jeu de mécano, les ouvriers manipulent des pans entiers de préfabriqués, façades en bois avec fenêtres intégrées, importés en direct d’une usine angevine. Une méthode radicalement efficace, réduisant les nuisances pour les riverains, associés à maintes concertations à l'égal du corps enseignant.
Quant au gain de temps, l'estimation varie entre six et douze mois, toutes choses égales par ailleurs. « Sa conception bioclimatique repose sur l’usage massif en structure de matériaux biosourcés », révèle Romain Cateloy, l’architecte nantais de l’agence Tetrarc, qui s’inscrit en faux avec la philosophie du « monomatériau » décliné à l’envi. En accord avec les principes dits « biophiliques » – qui se réfèrent au besoin de « garder le contact avec la nature » - poutres en bois ou de métal, briques de terre crue au bilan carbone négatif, ont vocation à rester à découvert.
L’école du XXIe siècle
Seule une couche de paille compressée viendra assurer leur isolation « pour le confort d’été », alors que repousser la chaleur est encore dans l’ancien une gageure. « Ce complexe novateur allie excellence environnementale et innovations », souligne Patrick Donath, maire de Bourg-la-Reine. Aux vingt-cinq classes d’élémentaires et de maternelles, s’adjoindront un accueil de loisir, une crèche et une salle polyvalente des familles. De quoi assurer dans cette « cité de l’enfance du XXIe siècle », une prise en charge intégrale de la petite enfance à l'enfance. Entre l’écoquartier éponyme et l'école, un espace mutualisé s'ouvrira au tout venant - « sur le modèle suisse » - hors du temps scolaire.
Et c'est par un parc urbain de 7 400 m2, – les sujets âgés et sains ont été gardés pour un ombrage maximal dès livraison – que les écoliers feront chaque matin leur rentrée. « L'arrivée plus apaisée que par la rue, se réjouit Magali Chabas, la directrice de l’école élémentaire, appelée à investir les lieux sitôt le chantier en site occupé terminé. Ainsi, les élèves ne seront plus « jetés de la voiture », comme on le voit trop souvent. »
Concours du CNRS
En appui du potager des maternelles, ce puits de biodiversité en cœur de ville pourra se faire parcours sportif ou terrain d’exploration pédagogique, selon. « Tout pour bien grandir » : tel semble être le credo de ce campus de l’enfance doté d’un soutien paramédical et développé avec l’expertise du CNRS, d’un psychologue et d’architectes spécialisés dans le développement de l’enfant. A travers son pouvoir de financement, le Département s’est montré décisif dans la réalisation de ce projet de ville à 35 M€, près de six fois la capacité annuelle d’investissement de Bourg-la-Reine.
« Outre sa conception bioclimatique, qui lui a permis d’obtenir une bonification écologique, ce campus a surtout été pensé à hauteur d’enfant, explique Georges Siffredi, le président du Département, contributeur à 30 % (8,3 M€). Au cœur des compétences départementales, l’enfance mérite un véritable pôle d’excellence et d’innovation. » Le déménagement des élèves depuis l’ancien groupe scolaire tout proche, envisagé pour la rentrée 2025, pourrait intervenir plus tôt, à l’horizon de mai prochain.