
Le festival Mondes en commun ; poursuivre l’inventaire, propose des passerelles entre les collections historiques du musée et la création photographique contemporaine. Il s’agit de réactiver l’œuvre d’Albert Kahn en montrant sa pertinence au regard des enjeux du monde d’aujourd’hui.
La thématique du festival – l’inventaire visuel du monde – propose une relecture de la collection de photographie et de films des Archives de la Planète ; ce projet démesurément ambitieux de dresser, selon la formule d’Albert Kahn « un vaste inventaire photographique de la surface du globe occupée et aménagée par l’homme, telle qu’elle se présente au début du XXe siècle ». Les inventaires se déclinent également en lien avec les collections végétales de l’établissement autour de thématiques liées au vivant : faune, flore, biodiversité́, etc.
10 séries de photographie contemporaine présentées dans le jardin du musée
Le festival donne à voir des travaux photographiques ayant pour objectif de représenter méthodiquement le réel dans toute sa diversité́, du proche au lointain, du « macro » au « micro », du vivant à l’inanimé́.
Pensé en lien avec les collections du musée, ce rendez-vous aborde les thèmes centraux de la collection telles que la géographie humaine, la diversité culturelle et celle du vivant, les traditions populaires ou le patrimoine naturel et architectural.
Les propositions photographiques ont été sélectionnées par un jury composé de représentants du musée et de l’association des Amis, ainsi que de personnalités qualifiées du monde de la photographie.
Un pays est plus particulièrement mis à l’honneur chaque année : en 2025, à l’occasion de l’année croisée France-Brésil, deux photographes brésiliens sont ainsi présentés dans la sélection.
Les artistes et les séries présentés pour l’édition 2025
Ursula Böhmer (Allemagne) – All ladies dans la forêt dorée
La photographe allemande Ursula Böhmer est partie à la rencontre des différentes races de vaches européennes. Dans All ladies, cows in Europe, elle a photographié avec douceur et tendresse plus de 80 de ces vaches, dont certaines sont aujourd’hui menacées.
Usurla Böhmer, née à Aix-la-Chapelle en 1965, vit et travaille à Berlin. Elle étudie la sociologie, la philosophie avant de se tourner vers la photographie et la communication visuelle. Son travail, presque entièrement en noir et blanc, représente essentiellement la faune ou la flore.
Luiz Braga (Brésil) –Ôde à la couleur dans l’entrée du musée
La Série Ôde à la couleur propose un voyage au cœur des villages des ribeirinhos, peuples traditionnels de l’Amérique du Sud. Ces pêcheurs vivent sur des maisons sur pilotis où les habitants se repèrent dans les villages grâce aux couleurs des maisons.
Né à Belém (Brésil) en 1956, Luiz Braga documente depuis près de 50 ans la vie quotidienne des ribeirinhos, peuple de pêcheurs vivant traditionnellement aux bords des rivières comme le fleuve Amazone. Cherchant à dépasser les stéréotypes qui ont façonné notre vision de l’Amazonie, son travail explore les interactions entre nature et culture en jouant avec les lumières naturelles et artificielles des espaces qu’il capture.
Siân Davey (Royaume-Uni) – The Garden dans la forêt bleue
The Garden est une série collaborative et participative avec les habitants, les visiteurs et voisins de la photographe Siân Davey qui sont venus passer un moment dans le havre de paix construit par la photographe et son fils après le confinement.
Née en 1964, Siân Davey est une photographe britannique avec une formation en beaux-arts et en politique sociale. Ces 15 dernières années, elle a en outre exercé en tant que psychothérapeute. Son travail photographique est une investigation de ses propres « paysages psychologiques », ainsi que ceux des personnes qui l’entourent, sa famille et sa communauté étant au cœur de sa pratique.
Pedro David (Brésil) – Suffocamento dans la forêt vosgienne
Pensée comme un manifeste visuel des ravages de la monoculture dans les forêts brésiliennes, la série Suffocamento montre des champs d’eucalyptus à perte de vue, variété d’arbres non endémiques du Brésil, étouffant des arbres de la région qui n’ont pas pu être coupés lors de l’exploitation des sols.
Né en 1977 à Santos Dumont (Brésil), Pedro David a étudié le journalisme avant d’embrasser une carrière d’artiste photographe et plasticien. Son travail porte sur les transformations sociales liées à l’urbanisation et l’industrialisation du Brésil ainsi que leurs effets sur les paysages et notre lien à la nature.
Roberto Giangrande (Italie) – Incompiuto dans la forêt bleue
Ils sont près de 1 000 en Italie, ces bâtiments non achevés qui parsèment le paysage et portent le nom d’incompuito. Ces constructions incomplètes le sont pour des raisons diverses (économiques, politiques, corruption). À travers cet inventaire brutaliste Roberto Giangrande recherche des images non spectaculaires qui proposent une contemplation et une réflexion sur la trace de l’homme dans le paysage.
Roberto Giangrande, né à Rome (Italie) en 1970, développe depuis la fin des années 90 un corpus photographique portant sur l’architecture, des formes urbaines les plus embryonnaires aux plus complètes. Saisir ainsi le corps des villes est pour lui un moyen de comprendre et refléter les liens, parfois intimes, que tissent les habitants avec leur environnement.
Claude Iverné (France) – Soudan dans la Salle des plaques
Prix des Amis du musée
La démarche photographique de Claude Iverné sur le Soudan ne peut être comprise que comme un inventaire total. Depuis plusieurs décennies, il s’est attaché à décrire en images cette région du monde peu connue avec un protocole et une exhaustivité fascinante (architectures, paysages, patrimoine, villes modernes, portraits de soudanais, camps de réfugiés, etc.).
Claude Iverné, né en 1963 (Auxonne, France), explore depuis bientôt 30 ans le Soudan. Son travail a été récompensé en 2015 par la Fondation Henri Cartier-Bresson. Il est le fondateur de Elnour (la lumière), un bureau de documentation rassemblant plusieurs photographes soudanais et chercheurs internationaux afin de mettre en lumière ces territoires, ainsi que d’une maison d'éditions du même nom.
Peter Mitchell (Royaume-Uni) – Scarecrows dans le jardin anglais
Réalisée sur plusieurs décennies, la série Scarecrows de Peter Mitchell propose un inventaire systématique, original et décalé d’épouvantails anglais qui se trouve être au croisement de plusieurs thématiques des Archives de la Planète comme la géographie, l’agriculture, le folklore ou encore le costume.
Né en 1943, Peter Mitchell était dessinateur cartographe au ministère du logement britannique avant de se lancer dans une carrière artistique. Il se fait connaître dans les années 70 par la documentation quotidienne qu’il fait de la ville de Leeds où il vit et travaille toujours, captant de façon poétique l’évolution des espaces urbains, les structures en déclin et les transformations sociales qui l’accompagnent.
Thomas Paquet (France) – La postérité du soleil dans la forêt bleue
À la croisée de la photographie scientifique et plasticienne, La postérité du soleil est une série qui capte le déplacement du soleil, avec une image pour chaque jour de l’année. Cet inventaire radical propose d’observer le mouvement des révolutions de notre étoile autour de notre planète. La ligne dessinée par le soleil sur le tirage est concave ou convexe selon l’emplacement de la terre par rapport à l’astre ou bien droite au moment des équinoxes.
Artiste franco-canadien né en 1979, Thomas Paquet développe un travail expérimental sur les caractéristiques fondamentales de la photographie via des procédés anciens. Débarrassé des outils numériques, il explore les possibilités et limites du medium photographique, faisant de la lumière, de l’espace et du temps ses sujets de prédilection.
Aurélie Scouarnec (France) - Gwiskañ / Revêtir dans la serre
Prix des Amis du musée
Le projet Gwiskañ / Revêtir d’Aurélie Scouarnec propose un inventaire photographique de costumes traditionnels revêtus lors de championnats de danse celtique ou de festivités à travers la Bretagne.
Née à Argenteuil (France) en 1990, Aurélie Scouarnec nous donne à voir, avec une grande délicatesse, des parcelles d’intimité, de gestes et de matières, des parcours de vies de communautés. Que ce soit dans un centre de soin pour la faune sauvage (Ferae, 2020-2022) ou au cœur des compétitions de danses celtiques, elle semble suspendre le temps afin de nous faire entrer dans ces univers.
Rebecca Topakian (France) – (n=6-9) sur la terrasse Ouest de la serre
La série (n=6-9) documente l’implantation des perruches dans la métropole de Paris. La photographe présente ici le résultat d’une double collecte : d’une part une étude formelle de plumes colorées, et de l’autre, des descriptions utilisées sur internet pour caractériser ces perruches.
Née en 1989, Rebecca Topakian explore au travers de la photographie la notion d’identité, dans ses dimensions aussi bien invisibles, mythologiques ou fictionnelles. Sa recherche a débuté durant ses études en philosophie et géographie. Elle fait partie du collectif de photographes Mirage.
Plus d’informations autour de l’édition 2025 du festival :
albert-kahn.hauts-de-seine.fr/la-programmation/expositions/les-expositions-temporaires/festival-photos
La programmation associée
Centré sur la photographie contemporaine, le festival s’ouvre à l’image animée et aux arts visuels à l’occasion d’événements festifs ou de soirées thématiques qui s’inscrivent dans la programmation de médiation courante du musée, avec en particulier une grande soirée de projections en plein air pour l’ouverture du festival, si la météo le permet.
Des rencontres avec les artistes seront organisées (visites, projections commentées, présentation de livres photos, ateliers thématiques…). Le week-end d’ouverture sera l’occasion de nombreuses propositions. La serre du palmarium sera utilisée comme point central du festival pour la présentation des artistes, les rencontres avec ceux-ci, les présentations d’ouvrages, et les départs de visite. Un livret de visite sera par ailleurs proposé gratuitement aux visiteurs.
Trois temps forts de la programmation :
• Samedi 17 mai : Ouverture du festival à l’occasion de la Nuit des Musées, de 15h à 23h, avec projection, atelier, rencontres avec les artistes ;
• Dimanche 22 juin : Rencontres autour des éditions des photographes du festival ;
• Dimanche 6 juillet : Projection et rencontre autour de la série d’Aurélie Scouarnec sur la Bretagne.
Le prix photographique de l’Association des Amis du musée départemental Albert-Kahn
Le Prix photographique des Amis, créé en 2018, est désormais remis chaque année par l’association des Amis du musée départemental Albert-Kahn dans le cadre du festival. La lauréate ou le lauréat se voit accorder une bourse de 5 000 euros dotée par l’association et dispose d’un espace d’exposition de choix dans le parcours global de la manifestation. Cette année, le Prix des Amis du musée a été décerné à deux des séries présentées : Soudan de Claude Iverné et Revêtir d’Aurélie Scouarnec.
Créée en 2011 dans le but de participer à la préservation et au rayonnement de l’héritage culturel légué par Albert Kahn, l’association propose à ses membres de participer de façon privilégiée à la vie du musée et de contribuer à la valorisation de ses collections par des actions de mécénat. Une riche programmation culturelle, incluant visites privées de collections ou d’expositions temporaires au musée départemental Albert-Kahn et dans d’autres institutions, rencontres avec les équipes du musée, visites d’ateliers d’artistes, invitations à des foires d’art contemporain ou de photographie, est proposée aux amis tout au long de l’année, ainsi que des voyages « entre amis » à la découverte de jardins exceptionnels ou de festivals photos.
Plus d’informations sur l’Association des Amis du musée :
amisdumuseealbertkahn.com
Le musée départemental Albert-Kahn
Situé à Boulogne-Billancourt, le musée départemental Albert-Kahn vise conserve et valorise l'œuvre d'Albert Kahn (1860-1940), banquier et philanthrope français qui mit sa fortune au service de la connaissance et de l’entente entre les peuples. Outre la collection de photographies et films des Archives de la Planète, il comporte un jardin à scènes paysagères de quatre hectares, incarnation végétale du rêve universaliste de son commanditaire.
Une ambitieuse rénovation parachevée en 2022 a permis d’accroître significativement la surface dédiée aux expositions, notamment grâce à un nouveau bâtiment de 2 300 mètres carrés dessiné par l’architecte japonais Kengo Kuma, qui fait dialoguer collections d’images et jardin. Le musée a accueilli plus de 500 000 visiteurs depuis sa réouverture.
Mondes en commun – Poursuivre l’inventaire d’Albert Kahn
Festival de photographie contemporaine
Visite de presse : Vendredi 16 mai 2025 à partir de 14h
En présence de certains photographes participants
Un événement à découvrir du samedi 17 mai au dimanche 7 septembre 2025
Mardi à dimanche : 11h-19h – Entrée : 9€/6€/0€ – Gratuité pour les moins de 26 ans
Musée départemental Albert-Kahn
2 rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt
albert-kahn.hauts-de-seine.fr