C’est une manière de boucler la boucle. Sélectionnées en début d’année sur la base de leur concision et de leur force de persuasion lors de l’exercice imposé du pitch, « les boostées » de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Hauts-de-Seine réitèrent l‘exercice cinq mois et huit ateliers plus tard. « Tu as 5 minutes, tu démarres quand tu veux », lance la responsable du programme Louane Orlé à la première des participantes à se présenter. L’occasion de mesurer le chemin parcouru tant sur le fond que sur la forme, devant un aéropage exclusivement féminin : représentantes de la CCI, financeurs publics et privés, Département.
L’accompagnement combinait ateliers animés par des experts (leadership, marketing, outils numériques, gestion financière et juridique, communication), suivi individuel par un conseiller de la CCI et sessions de networking. « Nous nous adressons aux femmes à la tête d’une entreprise créée il y a moins de trois ans car c’est la période de plus grande vulnérabilité. Nous les aidons à réaliser des objectifs de puissance financière et de perspective client, développe Louane Orlé. C’est aussi une manière pour elles de rompre l’isolement, chacune pouvant enrichir les idées de l’autre. » Les écueils sont en effet souvent les mêmes par delà la diversité des projets : aide aux victimes de violences, salle de sport inclusive, cabinet de conseil en stratégie RSE, conseil en image professionnelle et personnelle, produits du terroir, maquillage, accessoires de bain, vins, sous-vêtements menstruels...
Empowerment
Après 17 ans au sein d’un grand groupe de cosmétique, Karen Boobhun a lancé Concilium, sa société de « coaching en intelligence émotionnelle. » « L'apport de Boost sur le financement a été très intéressant pour moi car je n’avais pas de base dans ce domaine.C’était aussi une très belle expérience humaine qui nous a permis de développer beaucoup de cohésion et d’entraide. » La Boulonnaise Rozen Bodin, fondatrice des Nonnettes, kits cadeaux pensés pour les néo-parents, a aussi le sentiment d’avoir avancé. « Par la force des choses, mon projet est plus concret qu'il y a cinq mois puisque j’ai lancé la commercialisation en mai. Sur la forme, j’ai l’impression d’être plus structurée quand je dois le présenter en public. » Le jury n’a pas manqué de les questionner sur la suite : projection de chiffre d’affaires et moyen d’y parvenir, développement de l’offre, sourcing des produits et des services.
Décliné depuis deux éditions au féminin, Boost repartira pour un tour en 2025 avec le soutien du Département dont il rejoint les objectifs sur le plan de l’égalité femmes/hommes. « La question de l’entrepreneuriat féminin est essentielle car les hommes et les femmes ont une façon différente d’appréhender la création d’entreprise, estime Marie-Pierre Limoge, vice-présidente du Département en charge de l’économie sociale et solidaire, de la formation et de l’alternance. Des études ont montré que les hommes ont tendance à se salarier vite alors que les femmes parlent de leur entreprise comme un bébé et retardent le moment d’en tirer les bénéfices. C’est alors qu’il faut les valoriser dans une démarche d’empowerment ».