Le bosquet des bains d’Apollon, qui abrite une statue du dieu sur son char est le théâtre, en ce début d’après-midi, d’un quizz sur les arts équestres. Aux jeunes qui s’étonnent de ne voir aucun cheval à l’horizon, l’intervenante rétorque : « Les chevaux, ce sont vous ». Avant chaque question, les collégiens sont en effet invités à jouer les destriers, exécutant sur ses indications différentes figures : cercle, serpentine, diagonale, volte et demi-volte... La classe de 4e du collège Léonard-de-Vinci, à Châtenay-Malabry, apprendra au passage quels étaient les chevaux préférés de Louis XIV ou en quoi consistait la fonction du « grand écuyer » sous la monarchie…
Sur le site des épreuves équestres des Jeux de Paris, le thème de cette sixième édition autour des « Arts et des Jeux olympiques » s’est imposé de lui-même. On ne peut pas dissocier les arts des sports et le lieu s’y prêtait vraiment, juge Nathalie Léandri, vice-présidente du Département en charge de l’éducation et du numérique éducatif. Avec cette journée, nous permettons à des collégiens dont certains sont éloignés géographiquement et parfois socialement de découvrir le château, nous savons qu’ici ils vont s’amuser et apprendre autrement. C’est d’ailleurs l’ambition de tous nos dispositifs éducatifs et culturels. » Une série de défis leur sont proposés à travers le château pour faire revivre la culture de cour et de divertissement ainsi que dans le parc à la découverte de trois disciplines aux racines séculaires : les arts équestres, l’escrime artistique et les échecs, également très prisés des rois.
Appartements royaux
À l’intérieur des appartements royaux - placés sous le signe des planètes et gouvernés par le soleil Louis XIV - nos collégiens vocalisent dans le vestibule, dansent « façon menuet » dans le salon de Mars, jouent la peur, la joie, la colère dans la galerie des Glaces… Chacun des grands arts de la cour est représenté. Les participants, renouvellent aussi le regard rivé aux plafonds peints leurs connaissances mythologiques et s’abreuvent d’anecdotes parfois croustillantes. « Le roi et la reine ne partageaient pas la même chambre. Le roi décidait s’il voulait voir la reine en passant par une petite porte, c’est un peu glauque », juge Madeline au sortir de la chambre de Vénus. « Le lit qu’on a vu n’est pas son vrai lit. Ils jouaient le lever et le coucher mais dormaient dans une autre pièce », décrypte de son côté Yassin. « Ils découvrent les dispositifs de représentation du pouvoir », explique leur professeur d’histoire. C’est un format complémentaire du cours qui, en attirant leur attention sur des détails, les ramène au contexte général. »
Lancée en 2019, cette manifestation bien installée a même fait l’objet d’éditions en ligne en 2020 et 2021 pendant la crise sanitaire. Son programme est arrêté en concertation par les Départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines et l’établissement public du château de Versailles, présidé par Christophe Leribault. « Le château peut impressionner par sa splendeur, c’est un lieu capital de l’histoire de France en lien avec la monarchie mais aussi l’Empire et la République, il abrite notamment la salle du Jeu de Paume, explique celui-ci. Cette approche ludique donnera, j’espère, envie à ces enfants, qui habitent à proximité, de revenir. » Après chacun des défis, les participants récoltent un tampon sur leur carnet de bord, support grâce auquel, de retour au collège, les enseignants pourront prolonger l’exploration à loisir.